A l'image des asphodèles qui après l'incendie renaissent du clapas, le "Chemin des Verriers" rend hommage aux gentilshommes d'antan et ressuscite leur histoire en l'inscrivant résolument dans l'aventure des verriers contemporains.
L'art des verriers antiques s'est transmis dans l'occident médiéval par le truchement des monastères dans lesquels les moines issus de nobles familles étaient initiés à cet art. Tout en gardant jalousement leurs secrets, ces verriers s'établirent peu à peu à leur compte et essaimèrent dans les forêts du royaume. Charles VI accorde à cette caste d'importants privilèges qui sont définis en 1455 dans la Charte de la viguerie de Sommières. Celle-ci stipule qu'il est interdit d'enseigner l'art de la verrerie à des roturiers de même qu'à des nobles ne descendant pas d'une lignée de verriers. Ainsi, les dynasties des de la Roque, des Azémar, des Girard, des Faucon, s'allient au cours des siècles pour préserver les privilèges de leur rang.
Cette unité de production, hameau au coeur de la forêt, s'est ensuite déplacée sur le terroir de Beaumes où elle perdura jusqu'en 1746.
La verrerie de Couloubrine, implantée dans le vallon de Ferrières-les Verreries, est une possession de la famille de la Roque et fonctionne alternativement au 16ème et au 18ème siècle. Fouillée et restaurée sous la houlette de l'Office Départemental d'Action Culturelle, la verrerie de Couloubrine est actuellement un des maillons du "Chemin des Verriers". Cette bâtisse qui a des allures de maison forte laisse voir dans sa partie supérieure comme la dentelle d'une frise, les vestiges d'un pigeonnier. Les fours, dont les soles ont été mises à jour par les fouilles, étaient construits sur le flanc sud des bâtiments. Comme celui du forgeron, l'art du verre est un métier du feu, puissant et mystérieux qui, de la préparation des matières premières à la cuisson des objets soufflés, nécessite une succession de savoir-faire précis.
Durant la "reveillée", période de production allant d'octobre à juin les fours étaient continuellement en chauffe, alimentés et surveillés par le Maître Tiseur.