Entre Pic Saint Loup et Séranne, le causse de l'Hortus, traversé par de sinueuses vallées argileuses aux allures de couleuvres alanguies, fut exploité de la fin du 13ème siècle jusqu'à la veille de la Révolution par la noble industrie des verreries forestières. Durant près de 5 siècles, cet aride plateau calcaire et son frère siamois, le causse de Pompignan, connurent une vingtaine de verreries dont les ateliers, itinérants pour la plupart, suivaient les coupes de bois qui alimentaient les fours. Cependant, au 18ème siècle, les administrations royales, alarmées par la destruction massive des forêts languedociennes, obtinrent après de longues résistances le déplacement des verreries vers l'Aigoual.
A l'image des asphodèles qui après l'incendie renaissent du clapas, le "Chemin des Verriers" rend hommage aux gentilshommes d'antan et ressuscite leur histoire en l'inscrivant résolument dans l'aventure des verriers contemporains.
L'art des verriers antiques s'est transmis dans l'occident médiéval par le truchement des monastères dans lesquels les moines issus de nobles familles étaient initiés à cet art. Tout en gardant jalousement leurs secrets, ces verriers s'établirent peu à peu à leur compte et essaimèrent dans les forêts du royaume. Charles VI accorde à cette caste d'importants privilèges qui sont définis en 1455 dans la Charte de la viguerie de Sommières. Celle-ci stipule qu'il est interdit d'enseigner l'art de la verrerie à des roturiers de même qu'à des nobles ne descendant pas d'une lignée de verriers. Ainsi, les dynasties des de la Roque, des Azémar, des Girard, des Faucon, s'allient au cours des siècles pour préserver les privilèges de leur rang.
Jusqu'à l'utilisation du charbon de terre, le bois reste la seule source d'énergie permettant la chauffe des fours. C'est pourquoi, pendant des siècles, les verriers recherchent continuellement de nouvelles forêts. Au cours du 14ème siècle, les populations refoulées par la guerre et la famine abandonnent les saltus à la forêt qui devient ainsi une immense réserve de combustible convoitée par les verriers. Ainsi, vers 1340, Guillaume Azémar installe une verrerie itilérante qui pourrait bien être celle de la Seube fouillée par N. Lambert durant la décennie 1960/1970.Cette unité de production, hameau au coeur de la forêt, s'est ensuite déplacée sur le terroir de Beaumes où elle perdura jusqu'en 1746.
La verrerie de Couloubrine, implantée dans le vallon de Ferrières-les Verreries, est une possession de la famille de la Roque et fonctionne alternativement au 16ème et au 18ème siècle. Fouillée et restaurée sous la houlette de l'Office Départemental d'Action Culturelle, la verrerie de Couloubrine est actuellement un des maillons du "Chemin des Verriers". Cette bâtisse qui a des allures de maison forte laisse voir dans sa partie supérieure comme la dentelle d'une frise, les vestiges d'un pigeonnier. Les fours, dont les soles ont été mises à jour par les fouilles, étaient construits sur le flanc sud des bâtiments. Comme celui du forgeron, l'art du verre est un métier du feu, puissant et mystérieux qui, de la préparation des matières premières à la cuisson des objets soufflés, nécessite une succession de savoir-faire précis.
Durant la "reveillée", période de production allant d'octobre à juin les fours étaient continuellement en chauffe, alimentés et surveillés par le Maître Tiseur.
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 30 mars à 12:57
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