C’est un musée splendide dans un palais au milieu d’un parc en haut de la ville, avec une vue superbe sur la baie et le Vésuve. Ses collections vont du 13ème siècle à la fin du 19ème, (plus quelques oeuvres contemporaines, hélas invisibles ce jour-là) et les salles en enfilade permettent mille découvertes. Plutôt que les Titien (ah, Danaé !), les Raphaël et les Carache connus de tous, voici donc quelques trouvailles au hasard des salles, avant de vous conter demain une autre découverte.
Enfin, parmi cent autres, ce tableau de Guido Reni, Atalante et Hippomène raconte un moment de l’étrange histoire de ce couple où se mêlent compétition et séduction, désir impérieux et profanateur, et punition ‘léonine’ :
c’est l’instant où elle s’arrête pour ramasser une des pommes d’or, le laissant ainsi gagner la course, sauver sa vie et obtenir sa main. L’élan aérien du corps d’Hippomène entraîne le spectateur vers la droite, mais le regard le ramène à Atalante, ramassée, en contrepoids de son concurrent. Les jambes se croisent, les bras se tendent, les étoffes volent. Les corps baignent dans une lumière étrange, violacée ou verdâtre. Apologie de la frivolité ? Méditation sur la vanité des plaisirs (belle analyse ici) ? J’y vois plutôt la représentation d’un acte manqué, manifestation d’un désir qui ne saurait s’affirmer directement (virginité refoulée, envie de meurtre du prétendant) et doit donc passer par une faiblesse assumée, la pomme ramassée (une pomme, encore) et la course perdue. Et le sexe dans le temple de Cybèle participerait alors de la même pulsion destructrice. Ce tableau aurait-il pu inspirer Freud ?