Le nom d’Obama est devenu le prozac d’un monde abasourdi par sa faillite écologique, alimentaire, économique, industrielle, financière, sociale, politique, militaire et morale. Et son « Yes, we can ! », la nouvelle formule magique dont le seul prononcé peut guérir de tous ces maux. C’est, il est vrai, plus facile à scander que le fameux Supercalifragilisticexpialidocious de Mary Poppins, dont le site Wikipédia dit que « ce mot a le pouvoir de sortir les gens d’une situation difficile et même de changer leur vie : il se prononce quand on ne sait pas quoi dire ». « Yes, we can ! » va plus vite, ça ressemble au « Just do it ! » d’une marque sportive bien connue. Ça ne veut strictement rien dire, mais les Américains raffolent des slogans à l’emporte-pièce qui ne veulent justement rien dire. Ils s’imaginent qu’en réduisant le monde à trois petits mots, ils trouvent la formule magique qui solutionnera tout. Comme E = MC2. Ou « War on Terror ». Le monde est simple dès lors que l’Amérique pense qu’il l’est. Il suffit de le vouloir, et les Etats-Unis sont fiers d’être les seuls à avoir fait de ce réductionnisme un principe politique, à l’inverse de ces vieilles nations européennes épuisées à force de se persuader que l’univers est complexe.
Mais n’est pas Einstein qui veut. Ni Mary Poppins.
L'imposture américaine, Avant-Propos