Mardi dernier, Patrick Devedjian a souligné que la prime à la casse avait "un effet extrêmement heureux". "Au mois de décembre, 40% des ventes ont été fondées" dessus, a-t-il indiqué. Pourtant, le 3 décembre 2008, il s'était clairement prononcé contre la mesure, y voyant un "effet d'aubaine" qui "coûte très cher" et qui amènerait à "dépenser l'argent du contribuable pour rien". Mais il n'était pas encore ministre, et pas encore relancé...
428 milliards d'euros pour la postérité
Ce même mardi, alors qu'il défendait le plan de relance de l'économie devant les députés, il avançait la somme faramineuse de 428 milliards d'euros, rien que ça ! Personne n'a donc pensé à informer le gouvernement que le budget de l'Etat n'était "que" de 280 milliards d'euros en 2009 ? Pour arriver à ce chiffre, il a simplement additionné les 320 milliards de garanties bancaires (qui ne seront pas dépensés, selon Sarkozy), les 40 milliards de soutien aux banques, les 22 milliards pour les PME, les 20 milliards du fonds d'investissement et enfin les 26 milliards du plan de relance. Des torchons et des serviettes. En comparaison de ce chiffre ubuesque, les associations Terra Nova et OFCE ont estimé que le plan de relance apporterait entre 10 et 13 milliards d'euros d'argent neuf.
Un effet multiplicateur psycho-sociologique
Question calcul, le 14 décembre 2008, notre nouveau ministre se signalait déjà par un raisonnement piqué des hannetons. L'état doit "dépenser 75% des 26 milliards d'euros dès l'année 2009, le plus rapidement et le plus efficacement possible" avait signalé notre Accelleratti Incredibus. Beep-beep... "En même temps, il faut rechercher un effet multiplicateur de trois, c'est-à-dire quand l'Etat met un euro, il faut essayer de se faire soutenir, accompagner par trois euros supplémentaires qui peuvent venir du privé, des collectivités locales". Un effet multiplicateur de trois qui multiplie par quatre ! Il suffisait d'y penser. "Ajoutez qu'il y aura un phénomène Obama au plan probablement psychologique aux Etats-Unis et aussi, je l'espère, un effet économique". Ainsi soit-il...
Le 31 décembre, Patrick Devedjian avait aussi violemment rejeté l'idée d'un second plan de relance, estimant que ce serait "se moquer du monde" ! Pourtant, de Claude Guéant à Nicolas Sarkozy, en passant par Christine Lagarde, et jusqu'au FMI, tout le monde est d'accord. S'il faut un deuxième plan de relance, il sera fait dans l'heure. L'Allemagne a d'ailleurs annoncé qu'elle adopterait une telle mesure mi-janvier. Et Christine Lagarde a déclaré que "six pays membres [lui] ont annoncé qu'ils préparaient un nouveau plan". Vers la création d'un poste de ministre de la deuxième relance économique ?
Concluons par ce qui deviendra certainement un proverbe économique qui fera date, énoncé hier sur RTL au "Grand Jury" : "Quand il y a le feu à la maison, on ne regarde pas la facture d'eau". Surtout quand le vendeur d'eau est aussi l'incendiaire. C'est chaud !