Je voulais pas crever
Petit manuel de résistance &urbaine
Laurent Boscq, Bolek
Ed Albin Michel, 2009
Je suis Bolek,
le camelot, le libraire de rue. La rue, c’est mon métier. J’ai vendu
des kilomètres de journaux, des tonnes de livres, rencontré des
milliers de personnes. Je ne suis pas un mendiant, je ne demande aucune
aide sociale. Ça fait vingt ans que je me bats contre les moulins, les
administrations, contre le froid, la canicule ou les regards qui me
traversent, juste pour qu’on me laisse travailler. Mon combat, c’est ma
vie...
Bolek. La vie de Bolek est un roman dont il est le héros. Après mille métiers
(mineur, ouvrier, fort des Halles) et quarante ans de galères, Bolek
arrive dans le Xe arrondissement en 1983 pour vendre des journaux.
C’est l’âge d’or de la presse : il trouve enfin sa place et c’est la
belle vie. Mais en 1994, les modalités de paiement changent et les NMPP
cessent de l’approvisionner. Il devient alors représentatif de la crise
vécue par bon nombre de kiosquiers. A 55 ans, sa vie bascule, il se
marginalise peu à peu. Refusant de quitter son kiosque, il s’improvise libraire de rue. Avec ses livres d’occasion, sans aucune aide
sociale, il survit pendant douze ans dans la plus grande précarité,
bravant le froid, le mépris, la peur et la violence omniprésente de la
rue. L’année dernière, la Mairie de Paris le somme de rendre les clefs
de l’édicule. C’était sans compter sur la mobilisation des habitants du
quartier. Une formidable chaîne citoyenne de solidarité se soude autour
de lui : personne ne veut laisser partir celui qui a su tisser le lien
social par le biais des livres qu’il échange contre un peu d’humanité.
Les médias s’emparent de son cas : il passe au journal télévisé de
France 3.
Cet homme révolté, qui crie, charme et éructe, incarne à sa manière
toutes les mutations de la ville qui s’asphyxie sous les coups de la
modernité et de l’efficacité. Le Conseil de Paris finit par voter une
convention l’autorisant à rester dans son kiosque. Sorte de
reconnaissance sociale pour cet homme dont le combat redonne un sens à
la trop galvaudée démocratie participative . Aujourd’hui, Bolek est
logé, il a organisé une exposition de peinture qui a réuni plus de deux
cents personnes. A soixante-huit ans, il s’autorise enfin un futur.
Bolek est libraire de rue à Paris,
Laurent Boscq,journaliste, a collaboré à Nova Magazine, Technikart , VSD et Transfuge. Il est l’auteur de deux polars publiés aux Editions Fleuve
Noir et a scénarisé des longs métrages. A lire aussi : Les sept vies de Bolek, kiosquier, peintre et résistant urbain-Le Monde des Livres-22/01/09