Voilà un film fort peu guilleret, où mêmes les rares bouffées d'espoir sont en fait passablement irrespirables : Better things plonge tête baissée dans la glauquerie du quotidien de ces jeunes qui tentent (ou pas) de relever la tête après le décès par overdose d'une de leurs camarades. Une mort montrée en gros plans, fixes et insistants, à l'image de tout le film de Duane Hopkins. Si la maîtrise du cadre est indéniable, si le réalisateur parvient à perturber le spectateur en lui montrant la déchéance en face, demeure la sensation de se faire manipuler de A à Z par un jeune cinéaste un peu poseur. Oui, forcément, un long plan serré sur une seringue plantée dans un bras a quelque chose de salement gênant, voire d'indélébile. Mais cela semble un peu trop facile de culpabiliser l'assemblée en la rendant spectatrice passive de ce concert de pathos.
Cette impression se porsuit avec le choix de Hopkins de ne pas se cantonner à des personnages adolescents, mais d'étendre sa fascination du malaise et du mutisme à un couple de petits vieux en pleine crise conjugale. Leur relation sent elle aussi le malheur, la frustration, la haine qui monte (d'un côté en tout cas). Plus sobre que la partie "jeunes drogués", ce côté du film est sans doute le plus intéressant mais ne va finalement pas loin, le seul message de l'ensemble étant que la tristesse et l'envie de se détruire existent à tout âge. On aurait aimé plus de profondeur dans l'exploration des sentiments humains, ou une intrigue plus détaillée, bref, quelque chose à quoi se raccrocher et qui fasse de Better things autre chose qu'un énième constat sur le mal-être ambiant. Il ne manque qu'une scène de viol avec bouteille en verre pour que le film ressemble trait pour trait à The great ecstasy of Robert Carmichael, qui dissimulait lui aussi son manque de relief derrière quelques scènes choc.
4/10