A. Loyer, Voici l'Agneau de Dieu - 6. Le corps

Publié le 23 janvier 2009 par Walterman

Notre foi chrétienne est marquée par le corps : Dieu s'est fait chair, il a pris corps ; Jésus offre son corps pour le salut du monde ; ce sacrifice est renouvelé dans l'eucharistie où nous recevons le corps du Christ ; en communiant à son corps, nous sommes appelés à devenir ce que nous recevons ; cette vocation particulière propre à chacun s'accomplit dans l'Église et construit le Corps du Christ.

Nous pouvons alors entendre Paul, dans la première lettre aux Corinthiens, nous dire : " Votre corps est le temple de l'Esprit Saint... " La spiritualité chrétienne est incarnée, loin de tout ésotérisme fumeux. C'est en vivant pleinement notre condition humaine, corporelle, que nous rencontrons Dieu. Notre corps est la porte d'entrée pour vivre la rencontre avec Dieu car Dieu se rend présent dans son corps, dans notre corps, par son Esprit.

Il n'est donc pas étonnant que la maladie ou le handicap, qui blessent le corps, soient souvent occasion de rencontre avec Dieu. Le corps est lieu d'expérience spirituelle : le sacrement des malades rappelle que c'est dans ce corps blessé, souffrant et meurtri que paradoxalement le salut de Dieu peut se manifester.

Notre société occidentale est mal à l'aise avec le corps : on lui voue un véritable culte ; on l'étale sans pudeur ; on le cache et on le rejette quand il est laid, vieux ou handicapé. Notre foi chrétienne ne peut que réaffirmer la dignité du corps comme lieu même de la rencontre avec Dieu, que ce corps soit en devenir ou agonisant, jeune ou défiguré. Suivre l'Agneau de Dieu, c'est aussi pouvoir tenir cela. Les chrétiens sauront-ils faire entendre leur spécificité et dire avec saint-Paul : " Rendez grâce à Dieu dans votre corps " ?

Esprit et Vie, n° 139, décembre 2005, 1re quinzaine, p. 36-37