Wikipedia représente depuis de nombreuses années un modèle universel, démocratique et accessible de la connaissance sans frontières. Une sorte de modèle de pensée à lui-même, censé représenter l’essence même du Web 2.0. Cet état de fait le place en haut de la liste des services participatifs confrontés à la réalité de la guerre économique qui s’exerce dans l’économique numérique comme traditionnelle.
En 2008, la fondation Wikipedia, éditrice du site éponyme, lançait une campagne d'appel aux dons avec un objectif affiché, celui d'atteindre les 6.000.000 $ avant la fin de l'année. Une campagne qui fait penser à la grande valse des dons en ligne permettant de financer des projets libres, des actions militantes et même des candidatures politiques et qui laisse deviner la vague de fond qui s'étend progressivement sur les services 2.0 : la monétisation de leur audience.
Les projets 2.0 font appels à des fonds d'investissements et investisseurs privés dès lors qu'ils ont une vocation commerciale, à l'instar des réseaux sociaux (Wing, Viadeo, LinkedIn), services multimédia (Flickr, YouTube, Seesmic) et autres plateformes d'opinion (Epinions, Ciao, Amazon). Mais dans la cas de Wikipedia ou encore de Mozilla Firefox, ces initiatives libres sont soutenues par des fondations à la recherche de fonds. C'est ainsi que la campagne de Wikipedia avait pour objectif le développement de l'activité, le lancement de nouveaux projets sans pour autant déceler de vocation commerciale. Un positionnement universel, comme je le disais.
Mais cette vocation, ne fait-elle pas penser à celle de Google, qui clâme « organiser la connaissance du monde » par ses services en ligne ? On peut se poser la question, d'autant plus que le géant américain lançait l'été dernier le service Knol, à l'approche radicalement originale. La libéralisation de l'information en ligne pousse en effet les grands éditeurs tels que Larousse mais aussi Google à sortir des produits concurrents.
Knol est une plateforme de publication de connaissance personnelle, basée une participation contrôlée et dédiée à une thématique particulière. Là où Wikipeda centralise l'information et la rend vivante pour le commun des mortels, Knol apporte le contrôle et la monétisation. Pour cela, un workflow mis à disposition de l'administrateur, qui, s'il le souhaite, pourra contrôler la procédure de publication de contenus des internautes. De plus, des publicités AdWords pourront être mises en ligne, accolées aux contenus et sémantiquement définies. Knol, qui vient de dépasser les 100.000 contributions, s'annonce donc comme un nouveau modèle de publication de connaissances en ligne.
Un modèle qui a des chances de fonctionner, malgré les récentes fermetures de services lancés ces dernières années par Google. Mais attention. Si Knol devait connaître un succès aussi fulgurant que celui de Wikipedia, il sera alors contraint aux mêmes problématiques de propagande, de référencement et l'objet d'opérations d'influence de la part de groupes de pression.
Des risques auxquels Europeana devrait également être confrontée, à son tour, quant elle sera définitivement lancée. Un superbe projet qui vient d'être remis en ligne qui devrait, cette fois, s'inscrire définitivement dans la durée...
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