Vaihingen, Allemagne. 1989. J'ai 13 ans, et je suis allongée sur mon lit, dans le grenier transformé en chambre pour l'occasion de ma correspondante allemande. J'écoute tranquillement une cassette
que m'a copié ma meilleure copine sur mon walkman. Pour la première fois de ma vie, j'entends Casser la voix. La chanson résonne en moi, me prend aux tripes. J'adhère. Ca y'est, je suis
fan.
Paris, France. 2009. Vingt ans ont passé. Mes goûts musicaux ont évolué. Mais je garde toujours, en bas de ma tour CD, les premiers albums que j'ai écouté des centaines de fois, ado. Aujourd'hui,
je sais que je vais le renconrter. Je ne sais pas si je suis tendue, mais j'avoue que lorsque j'entends sa voix dans l'entrée, ca me fait un petit quelque chose. Comme une tension qui monte, d'un
coup. Apres, il entre, et une sorte de mythe tombe : il est comme tout le monde. En charmant, hein. Ah tiens, il est moins grand que je pensais. Oui, bonjour. Hop il est déjà parti en réunion. Je
ne sais pas trop. Rencontrer vingt ans après la star de son adolescence, c'est pas sensé bouger quelque chose dans les tripes ? Et puis une heure plus tard, le revoila, sur le départ. Et là, on se
retrouve face à face, il me dit un truc sympa, me sert la main en me regardant dans les yeux, et là, j'avoue ça me fait quelque chose. Je me revois gamine, le balladeur à fond en train de chanter à
tue-tête des airs années 80, je me revois les soirs de blues, me repasser un double album de concert qui prend aux tripes. Et là, j'avoue, ça m'a fait bien plaisir de l'avoir rencontré. Mais ça,
bien sûr, je l'ai gardé pour moi. De toutes façons, lui, il était déjà parti.