La population d’Afrique, qui compte 967 millions d’habitants, dont 53% ont moins de vingt ans, devrait atteindre les 2 milliards d’individus en 2050. C'est dire l'importance de la mise en place d'une gestion intégrée des ressources, qui aujourd'hui fait largement défaut. S'agissant de leur potentiel hydrique, les Etats d’Afrique manquent globalement de ressources pour s’adapter seuls au changement climatique et doivent mieux partager l’eau disponible pour nourrir leurs populations en pleine croissance.
L’Afrique, le continent le plus pauvre du monde, ne parvient pas toujours à nourrir une population à croissance rapide à cause d’un sous investissement, d’une mauvaise gestion agricole, et des sécheresses et des inondations de plus en plus fréquentes, la rendant dépendante des importations de nourriture.
Le coût de ces importations a augmenté fortement ces dernières années, passant de 10,5 milliards de dollars en 2005 à 49,4 milliards de dollars en 2008 à cause de l’augmentation des prix mondiaux des produits alimentaires, selon l’Organisation pour l’Agriculture et la Nourriture, la FAO des Nations Unies (Food and Agriculture Organization).
Cette augmentation exerce une pression considérable sur les budgets des Etats africains, dans des pays qui subventionnent les importations pour les rendre accessibles en termes de prix aux habitants.
Des 36 pays en proie à une crise alimentaire dans le monde, 21 se trouvent en Afrique. Le Programme Alimentaire Mondial (World Food Program) estime qu’environ un sixième de la population mondiale, soit environ un milliard d’individus, manque de nourriture.
La conférence des responsables d’Afrique qui s’est déroulée sur trois jours dans la ville libyenne de Syrte a recommandé aux gouvernements de renouveler une promesse déjà prise en 2003, de consacrer 10% du budget national à l’encouragement de la production agricole, telle que le souligne la déclaration finale de cette conférence.
Les sécheresses et les inondations étant de plus en plus communes, les représentants des états d’Afrique ont recommandé l’utilisation de systèmes d’irrigation plus modernes, qui stockent l’eau et la conduisent là où elle est nécessaire, lorsque c’est nécessaire.
Ils se sont aussi mis d’accord pour conclure des accords à une échelle plus importante que l’échelle régionale pour partager l’eau stockée dans les fleuves, les lacs et les nappes souterraines. La coopération au niveau continental devra être renforcée sur ces questions de gestion de l’eau.
Ce sera aussi le cas pour les prévisions météorologiques. Des systèmes d’avertissement devront être mis en place pour minimiser l’impact des sécheresses, de la désertification, des inondations et des invasions de vermine.
« Ensemble, nous devons trouver des mesures concrètes et efficaces pour répondre à la question de l’eau en Afrique, dans un esprit de responsabilité partagée » a déclaré Jacques Diouf, directeur général de la FAO. Les ministres d’Afrique ont également décidé d’établir des systèmes d’information à l’échelle du continent pour mieux coordonner la production agricole et rendre le commerce de biens plus efficient.
Les talents et les ressources permettant de rendre l’Afrique autonome existeront seulement si les gouvernements coopèrent pour gérer leur eau, d’après ce qu’ont déclaré les délégués.
« Il y a des pays qui ont progressé dans le domaine de la technologie et des ressources humaines mais ont un déficit dans le domaine des ressources naturelles tandis que d’autres ont des ressources naturelles abondantes et manquent de technologie et de ressources humaines » a déclaré Wafaa Sahli, directeur du développement urbain à la Communauté des Etats sahélo-sahariens.
Wafaa Sahli a également souligné que se n’est qu’en rassemblant ces ressources que l’Afrique pourra mettre un terme à une crise alimentaire persistante.