Quand un bistrot en chasse un autre, ça donne la fin d’un Petit Bofinger remplacé en deux coups de cuillère à pot par le Bistrot de l’Entrecôte qui ne révolutionnera pas le monde de la gastronomie mais saura satisfaire les adeptes d’une cuisine traditionnelle servie par une escouade de jeunes filles d’une rare gentillesse. On ne vient pas ici chercher un plat qui va affoler nos papilles, nous retourner le ciboulot ou nous mettre sur le derrière. Rien de tout cela, juste une volonté farouche de jouer dans la cour du conventionnel avec son cortège de propositions classiques que sont la salade de lentilles et lard croustillant, le tartare de bœuf ou le pot-au-feu. Sous le regard d’un imposant cochon rouge avec des bottes, qui trône au beau milieu de la salle, on se réchauffe avec un velouté de potiron malheureusement trop salé avant de jeter son dévolu sur une fricassée de supions et haricots blancs qui ne casse pas trois pattes à un canard mais qui reste une bonne alternative aux sempiternels harengs pommes à l’huile et oeuf mayo et sa salade croquante. Cuisine de bistrot, on vous dit. C’est donc tout naturellement que la cocotte de rognons de veau sauce Porto fait son apparition avec à ses basques une purée qui tient au corps. De leur côté, les généreuses noix de Saint-Jacques viennent se poser sur un promontoire de poireaux étuvés comme pour échapper à une noyade certaine dans la sauce au beurre blanc tomaté. On sent dans ce plat la nostalgie d’une cuisine riche, d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, où il était de bon goût d’être généreux en calories. Et les profiteroles au chocolat ne nous font pas mentir.
10, place du Maréchal Juin. 17e. Tél. : 01 46 22 01 22. Formule : 25 €. Carte : de 29,50 à 38,50 €. M° : Pereire.
Crédit Photos : www.lesrestos.com