À Obamaland, les exécutions des condamnés à mort se poursuivent. Rien d’étonnant, hélas.
Hier, c’était la deuxième journée présidentielle du Président Obama, focalisée sur la paix et contre la torture...
Actions pour la paix et contre la torture
Le 22 janvier 2009, le Président américain Barack Obama a fait sa première conférence de presse au "Ministère des Affaires Étrangères" américain aux
côtés de Hillary Clinton, sa Secrétaire d’État (Ministre des Affaires Étrangères), et du Vice-Président Joe Biden. Une photo de famille assez inhabituelle aujourd’hui mais bientôt commune pour
trois anciens concurrents aux féroces primaires démocrates d’il y a un an.
L’objectif, c’était d’envoyer des émissaires au Proche-Orient pour trouver une solution de paix au plus vite entre Israéliens et Palestiniens. George
Mitchell, l’un d’eux, serait d’ailleurs plutôt apprécié du côté palestinien.
Barack Obama avait choisi la veille Mahmoud Abbas, le Président de l’Autorité palestinienne, comme premier interlocuteur au téléphone, et a considéré
que sa priorité numéro un était donc la paix.
Le matin du 22, Barack Obama avait pris sa première décision, une promesse électorale, la fermeture du camp de Guantanamo et a affirmé que les
États-Unis refuseraient désormais toute torture.
Dans cette nouvelle Amérique qui s’engage avec Obama, on pourrait donc espérer que des réflexions plus soutenues sur la morale en politique
pourraient survenir.
Et pourtant, ceux qui le considéraient autrement qu’un homme politique comme un autre, en seront pour leurs frais.
Une nuit ordinaire mais triste
En effet, dans la nuit du 21 au 22 janvier 2009, soit à peine trente et une heures après l’investiture présidentielle, un condamné à mort, Franck Moore, était exécuté dans la prison de Huntsville au
Texas.
Il avait été jugé en 1999 pour le meurtre de deux jeunes hommes : les faits étaient indiscutables, il les avait bien tués, mais il a toujours
parlé de légitime défense. Est-ce parce qu’il était noir qu’il n’a pas été écouté ? Étaient-ce à cause d’un casier judiciaire loin d’être vierge au moment des faits ?…
Pas d’uniformité fédérale sur la peine de mort
C’est vrai que mettre les deux faits en parallèle, investiture d’Obama et exécution au Texas, n’a pas grande signification dans la mesure où la
justice est essentiellement une prérogative des États et c’est au gouverneur (ici du Texas, État qui a exécuté 422 condamnés à mort depuis son rétablissement effectif en 1982) de décider en
dernier recours.
Comme ses prédécesseurs, que ce soient George W. Bush ou Bill Clinton, ou des prétendants, comme John MacCain, Al Gore ou John Kerry, Barack Obama
avait, pendant sa campagne électorale, réaffirmé sa position favorable à la peine de mort. En regrettant même
une décision de la Cour suprême la limitant trop, selon lui. Une condition manifestement indispensable pour gagner une élection présidentielle dans un pays largement favorable à la loi du
talion.
Un mouvement abolitionniste en perte de vitesse ?
On aurait pu croire d’ailleurs qu’un mouvement abolitionniste commençait à se dessiner sérieusement dans ce pays avec le développement de la
technologie d’identification par empreintes génétiques qui a permis d’innocenter quelques condamnés à mort.
Exécuter un innocent est effectivement un acte irréparable et impardonnable de la part de la société et peu d’Américains en sont partisans par
"principe de précaution" (selon cette horrible préférence de tuer un coupable potentiel plutôt que de faire prendre des risques à des victimes innocentes).
Certains États (parfois républicains) ont même fait un moratoire (mais les exécutions ont repris depuis 2008).
Justement, l’ADN a au contraire favorisé le sentiment que les condamnés à mort seraient maintenant les coupables avérés du meurtre qu’on leur
reproche et, dans un tel cas, les exécuter resterait encore dans les mentalités américaines un signe de bonne application de la justice.
Vieux débat et démocraties…
Inutile de reprendre le débat sur la peine de mort. Il en a eu lieu en France de très anciens (depuis 1791), et plus récents, avec débat
d’orientation à l’Assemblée Nationale (ne donnant lieu à aucun vote) en juillet 1979 sous Valéry Giscard d’Estaing et avec une conclusion (tardive) le 17 octobre 1981, l’abolition.
Les États-Unis sont à l’évidence "à la traîne" sur ce sujet. Même la Russie observe officiellement un moratoire sur les exécutions depuis le 28 février 1996 (sans avoir aboli la peine de mort malgré sa promesse pour entrer au Conseil de l’Europe
et en repoussant la fin du moratoire à 2010).
Les États-Unis sont hélas parmi les rares démocraties (avec l’Inde, le Japon et Taïwan) à conserver cette sanction capitale et ils se rapprochent des
régimes totalitaires qui la promeuvent, comme en Iran ou encore en Chine, pays qui vient de condamner à mort,
le 22 janvier 2009, trois personnes (dont une avec sursis) pour leur implication dans la vente de six cents tonnes de lait contaminé à la mélanine ayant tué six enfants et rendu malades trois
cents mille personnes.
À quand un véritable débat américain ?
Mon propos est juste de rappeler que ce débat majeur sur la peine de mort devra nécessairement avoir lieu aux États-Unis sur les valeurs et les
principes et pas sur des aspects annexes (comme le moyen de confirmer la culpabilité).
Mais il ne semble pas que ce soit dans les intentions de Barack Obama de l’ouvrir.
À moins que…
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (23 janvier 2009)
Pour aller plus loin :
Obama pour la peine de mort.
L’Obama Day.
Discours d’investiture de Barack Obama.
Condamnations à mort en Chine.
Site sur l’abolition de la peine de mort dans le monde.
http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=50521
http://www.lepost.fr/article/2009/01/23/1397695_encore-combien-d-executes-sous-la-presidence-obama.html