Il fait un vent à décorner les boeufs. Ça souffle, ça siffle, on se croirait à Brest. On a vraiment l'impression que les bourrasques s'engouffrent dans l'estuaire depuis Saint-Nazaire et qu'elles remontent jusqu'à nous. En même temps, il fait étonnamment doux, comme une douceur de bord de mer. Ça sent le printemps, quand le soleil se pointe après une averse diluvienne. D'ailleurs, il a fallu que je sois à Paris, il y a dix jours, pour entendre chanter mon premier merle. Aujourd'hui, les mésanges pépient. La Loire, déchaînée, charrie des alluvions marron et d'étonnantes lumières. C'est beau. Comme on est au bord de la mer, indéniablement, Faustine et moi sommes allées manger une morue à la plancha au Douro, un excellent restaurant portugais avec un ''pudim'' à se damner. Un petit vinho verde par là-dessus et il ne reste plus qu'à faire la sieste ! A mon avis, ça doit aussi bien fonctionner avec un saumur blanc bien frais. Ma séance de ''taï chi'' a achevé de me remettre d'aplomb. C'est étonnant, cette discipline, leçon d'humilité permanente où l'on apprend à maîtriser des gestes “le coeur en accord avec l'intention, l'intention en accord avec le souffle, le souffle en accord avec l'énergie”. Ça souffe ; je souffle.
Photo : Le pont Wilson (dit "pont de pierre") et la bibliothèque de Tours (1957, classée monument Historique), vus depuis l'île Simon.