Voici donc l’itinéraire d’Huck Finn devenu vagabond dans cette Amérique ségrégationniste et dévastée par la Grande Crise. Il est l’un de ces « Hobos », possible contraction de homeless bohemians (littéralement bohémiens sans domicile fixe) ou paronymie de O’Boys. Occasion pour les auteurs de renouveler une confrontation de la misère sociale et raciale, à la manière de Mark Twain ou de John Steinbeck.
Dans la famille Finn, Joe, le père est un sale type, brutal, alcoolique et colérique, petit trafiquant minable. Forcés de contribuer à la vie du foyer, ses fils Tom et Huck se tiennent les coudes. Jusqu’au jour où Tom fuit en bateau avec Suzy et disparaît dans le fleuve. Jusqu’à un autre jour où Joe tue le père de la fille venu crier vengeance, avant de s’enfuir… Huck est alors recueilli par une riche famille, mais n’a d’yeux que pour le blues joué par les Blacks dans leur club. Il se lie d’amitié avec le jeune noir Charley Williams pour entrer dans les fameux juke-joints. Mais le sang n’a pas fini de couler et les deux jeunes hommes devront reprendre la route…
Cet opus de 63 planches est le premier volet d’une série fort bien documentée, dense, un brin fantastique et totalement captivante dès la première image. Les textes sont alertes et modernes ; les dessins somptueux, plein de détails, de jeunesse et de vie. Les couleurs réalisées avec goût par Meephe Versaevel et Steve Cuzor renforcent l’effet d’ensemble. Une parfaite réussite dont on attend déjà le T2 avec impatience : Deux Chats Gais sur un train brûlant
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O'Boys T1 : le Sang du Mississipi de Philippe Thirault et Steve Cuzor – Dargaud – 13,50 €.