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Libertés publiques : jusqu'où ira Sarkozy ?

Publié le 22 janvier 2009 par Pierreregnault

Ce qui se passe en ce moment dans le paysage politique national alerte les citoyens et militants que nous sommes : libertés politiques, parlementaires, médiatiques, judiciaires… les contre-pouvoirs arrachés de haute lutte depuis le XIXe siècle sont progressivement remis en cause.

 
Au nom de la " rationalisation des débats ", le Gouvernement, avec son projet de loi organique sur la procédure parlementaire, veut s'attaquer au droit d'amendement des parlementaires en restreignant considérablement leur temps de parole.

En portant ainsi atteinte à la tradition parlementaire, l’exécutif s’attaque en fait à la démocratie. En remettant en cause le seul outil dont les parlementaires d’opposition disposent pour chercher à améliorer les textes et à porter un regard différent, en restreignant leur temps de parole, c'est aux capacités mêmes de la société civile de faire entendre sa voix que le Gouvernement porte atteinte.

Le droit d’amendement et la durée du débat sont les seules garanties du débat démocratique, les portes d’accès de l’opposition à l’opinion publique. A titre d’exemple, la forte mobilisation des députés socialistes à l’occasion de l’examen du projet de loi sur l’audiovisuel public a permis de laisser le temps à la société civile de se mobiliser à son tour. Qu’on songe encore à tous ces textes majeurs sur lesquels l'opposition parlementaire a sensibilisé les médias, alerté l’opinion publique et fait reculer le gouvernement grâce à la multiplication des amendements, comme la loi Falloux, le CPE, ou plus récemment le travail du dimanche.


Le Parlement doit rester le lieu de la parole démocratique, le lieu où les parlementaires, représentants des citoyens qui les ont élus, défendent une certaine vision de la société. Car tous les Français ne sont pas sarkozystes puisque nombre d’entre eux ont choisi des conseillers municipaux et généraux de gauche en mars 2008. Dans l'hyperprésidence sarkozyste, le temps du travail parlementaire est perçu comme une entrave, un moment perdu... une obstruction, quand le gouvernement veut imposer un rythme frénétique multipliant à outrance les déclarations d’urgence sur les textes au détriment de la qualité de la loi.

Avec le groupe socialiste, radical, citoyen à l’Assemblée Nationale, refusons ce diktat :

http://amendement.over-blog.com

Car cette volonté de bâillonner l’opposition parlementaire n’est que la dernière manifestation des atteintes à nos libertés dont est désormais coutumier le Gouvernement : affaiblissement de la télévision publique, suppression du juge d’instruction… sont autant d’annonces qui justifient le risque mis en lumière par Jean-Jacques Urvoas, député du Finistère et vice-président du groupe socialiste, celui " de la muselière ".
La suppression annoncée du juge d’instruction nous fait craindre l’avènement d’une justice sourde et aveugle, broyant tout sur son passage. Notre système pénal montre tous les jours ses défauts et ses carences dont Vittorio De Filippis, Julien Dray, Julien Coupat sont les dernières victimes médiatiques. Mais combien souffrent de cette (in)justice loin des projecteurs ?


L'Etat de droit, l'indépendance de la justice, sont gravement remis en cause, l'explosion ahurissante des gardes à vue, la prolifération incontrôlée des fichiers de police, les atteintes au droit d'asile et la gestion toujours plus arbitraire des expulsions du territoire nous le rappellent régulièrement et nous font craindre des jours plus noirs encore.

Le constat de Jean-Marc Ayrault, député-maire de Nantes et président du groupe socialiste à l’Assemblée, est sans appel : " D'une conception sécuritaire, l'Etat Sarkozy est en train de glisser à une tentation autoritaire qui touche tous les domaines ".
Et il ne faut pas aller bien loin pour trouver les inspirations du chef de l’Etat… Dans le cas de la télévision publique, les choses sont claires : c’est à une berlusconisation des media à laquelle nous assistons, hélas impuissants. La réforme audiovisuelle remet en cause l'indépendance de la télévision publique tant sur le plan de son autonomie financière que par la possibilité pour le président de la République de nommer et révoquer le président de France Télévisions. Le dispositif qui se met en place a pour dessein d'affaiblir la télévision publique et de laisser le champ libre aux opérateurs privés, qui l'ont réclamé. TF1 voulait rendre les cerveaux de ses téléspectateurs suffisamment " disponibles " pour leur vendre du coca, c’est désormais à tous les niveaux que l’on veut faire du citoyen-téléspectateur un consommateur, car un bon citoyen de l’ère sarkozyste est un citoyen qui ne pense pas et ne remet pas en cause les décisions qui sont prises " pour " lui.
Pierre Regnault


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