Habitué à reprocher aux médias leurs défauts, je m’apprête aujourd’hui à poursuivre dans cette voie, avant de leur décerner pour une fois deux satisfecit.
Lors de Conférence internationale sur Gaza, la plupart nous ont indiqué qu’elle était co-présidée par Nicolas Sarkozy. Certains ont précisé qu’elle comportait d’autres chefs d’Etat et de gouvernement européens et d’autres, encore plus rares, ont spécifié quels étaient les autres pays représentés : Allemagne, Espagne, Italie, Grande-Bretagne, République tchèque. Mais je n’en ai pas trouvés qui aient jugé utile d’ajouter que la République tchèque exerçait en la circonstance la Présidence de l’Union européenne. Or ce sont ces mêmes courtisans-là qui, pendant six mois, nous ont parlé à l’envi, et à tort, d’un Nicolas Sarkozy Président de l’Union européenne.
Inversement, c’est grâce à ces mêmes médias que j’ai pu avoir, non seulement connaissance, mais surtout une perception directe de l’un des nombreux drames qui sont survenus dans cette minuscule bande de Gaza, restée trois semaines sous les bombes et les obus. De nombreuses vidéos montrent le désespoir du docteur Ezzedine Abou Al-Aish auquel Israël vient d’arracher ses trois filles, tuées par un tir de char. Celle à laquelle vous pouvez accéder ici a, comme les autres, l’inconvénient de ne pas être traduite en français. Mais les images parlent d’elles-mêmes et affichent un sommet d’inhumanité. Elles montrent ce médecin palestinien, écrasé de douleur, qui est agressé verbalement par des Israéliens, l’accusant d’être responsable de la mort des siens. Ils reprennent en effet l’affirmation de l’armée israélienne selon laquelle elle a répliqué à des tirs de combattants du Hamas depuis la maison du médecin. C’est peut-être vrai mais je ne vois pas comment l’occupant de la maison pouvait s’opposer à des hommes en armes et il y a surtout une totale disproportion entre cette éventuelle attaque et la riposte. Mais, outre ce drame, ce qui m’a horrifié, c’est l’attitude de ces Israéliens invectivant le médecin. Il faut être étranger à tout sentiment humain pour ne pas respecter la douleur d’un père, tout aussi innocent que les victimes d’un tir, non pas accidentel, mais délibéré.
Sur un ton plus sarcastique, voici quelques phrases du billet de Robert Solé paru dans le Monde du 20 janvier, intitulé « On a gagné » : « En effet, Israël a gagné en vingt jours la sympathie du monde entier et, surtout, l’amitié, pour ne pas dire l’affection, de ses voisins arabes » et citant le président Mahmoud Ahmadinejad qui célèbre « le début de la victoire », Solé poursuit « en effet, il reste des survivants à Gaza et quelques immeubles encore debout ».Quelques roquettes donneraient « aux F-16 le prétexte de revenir finir le travail ».