Une fois n'est pas coutume, revenons en arrière : en mai 2007, la France se choisissait un président. Certains n'étaient pas contents, et, en vils agitateurs gauchistes qu'ils étaient, allèrent manifester (bouuuh !).
Parmi eux, le coloc de mon petit frère et de ma petite soeur.
En pleine manif, voilà-t-y pas que ce dangereux activiste se jette sur une jeune fille pour sauvagement arracher le chien qui se cramponnait de toutes ses mâchoires à la cuisse de ladite demoiselle, écartant au passage la fliquette sans doute quelque peu fatiguée qui avait lâché ledit clébard sur ladite demoiselle en flagrant délit de fuite devant les CRS, fliquette qui trébuche et se foule le poignet en se rattrapant.
Scandale.
Garde à vue, fouille, pas de dodo, comparution immédiate, deux mois fermes. Sur les conseils des avocats et de la juge de la famille, pas d'appel, à Lyon, avec son juge d'appel tendant un peu à
droite (voire un peu beaucoup), il en aurait pris encore plus (ouf, ce juge n'est plus là, apparemment, même ses collègues n'en voulaient plus).
Passons sur le fait qu'il ait attendu pendant pas loin de deux ans de purger sa peine, passons sur le fait que des gens qui ont, le même jour, traîné un flic par terre ont cependant pris moins que lui, passons sur le fait que des types du même âge que lui qui fauchent et brûlent deux bagnoles en état de multirécidive prennent moins que lui (un mois ferme), passons tout ça et venons-en aux faits : pour ceux que ça intéresse, ça y est, il purge enfin sa peine bien méritée de fouleur de poignet de flics, étranger de surcroît (y'en a quand même, on se dit qu'ils le font exprès).
Il a quand même réussi à obtenir un bracelet électronique. Ouf. Parce que je le voyais mal en prison, il serait du genre à proposer en toute innocence de ramasser la savonette de son voisin de douche. Il est trop gentil, ce garçon, ça l'a perdu une fois, il aurait plus manqué que ça le perde une de plus.
Donc, depuis une dizaine de jours, il est chez lui avec son bracelet, il a le droit d'aller en cours et en partiels et de revenir.
Ca a l'air un peu merdique, quand même, le système du bracelet électronique. Ca pollue les communications téléphoniques (oui, parce que ça se branche . Ma petite soeur avait la voix de Stephen Hawking.
En plus, il paraît qu'ils sont sur écoute. Que nos conversations sont donc épiées.
Au moins, ça permet de faire des super blagues au téléphone : on parle de préparations d'attentat, histoire d'attirer l'attention des gens, puis on parle d'eux. On lance des appels, par exemple « si vous avez un cousin ou un ami chauffagiste à Paris, vous avez mon numéro, hésitez pas, j'ai froid ». On rigole bien. On espère distraire un peu les écouteurs, parce que ça doit être ennuyeux, alors on chante « pipi caca cucul zizi, sont mes quatre mots chériiiiis, zizi pipi cucul caca, je n'en démords pas ». J'espère qu'on a été écoutés. On s'est donné du mal pour ces malheureux, quand même. Parce que sinon, c'est discussion de parcours universitaire avec mon petit frère, c'est pas passionnant. Ou de mes soucis de chaudière. Ils savent tout sur ma chaudière, l'aiguille du thermomètre qui couille, les brûleurs qui veulent s'éteindre que quand il y a un plombier qui va passer histoire de faire genre on est des gentils brûleurs qui s'éteignent quand ils ont assez chauffé, alors que c'est des mensonges abominables, aussi vilains que ceux des vilains policiers qui prétendaient qu'il avait roué de coups la fliquette une fois à terre.
Oups, j'y suis revenu.
Bref.
Enfin, après pas loin de deux ans, on va pouvoir espérer mettre un point final à cette histoire qui me paraît encore plus idiote et injuste deux ans plus tard.
Mais bon, continuons de faire confiance à la justice de notre pays, les juges, y'en a des biens. Juste faut tomber dessus.
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