Une alimentation mal équilibrée peut être à l’origine d’une maladie puisqu’elle causera des déséquilibres dans le corps. En Médecine traditionnelle chinoise (MTC),
ce n’est pas tant le manque d’éléments nutritifs qui causera un déséquilibre dans le corps que les types d’aliments que nous consommons trop ou pas assez. Par exemple, un excès de sel peut causer
un déséquilibre dans les Reins, qui se traduira par de l’hypertension, de l’œdème et des maux de tête. Trop de sucreries créera de l’humidité dans la Rate, qui se traduira par une mauvaise
digestion, une irrégularité de l’élimination fécale et de l’œdème.
En MTC, les aliments peuvent servir de médicaments. En fait, en MTC, la différence entre aliments et herbes médicinales est mince. Shen Nung, qui est considéré comme le père de la médecine
chinoise, est l’auteur du premier traité chinois sur les plantes médicinales, traité intitulé Shen Nung Ben Cao. Il y a plus de 5 400 ans, il a divisé les plantes en trois catégories : deux
d’entre elles comportent des « plantes médicinales » alors que la troisième comporte des « plantes alimentaires », qui font partie de l’alimentation quotidienne et sont consommées pour acquérir
des forces, prévenir les maladies et se sustenter.
Les plantes et extraits médicinaux
La pratique de la médecine par les extraits médicinaux, qui fait intégralement partie de la MTC, fait appel à tout un éventail d’extraits de plantes,
d’animaux et de minéraux provenant du monde naturel. Les effets thérapeutiques des extraits médicinaux chinois sont de nature énergétique et biochimique. Autrement dit, la plante ou l’extrait
utilisé entre en résonance énergétique avec l’organe diagnostiqué et à être traité, et a un effet biochimique sur lui. Cette résonance et cet effet amènent l’énergie à circuler plus librement
dans l’organe, ce qui a aussi une influence sur les autres organes.
En général, les
praticiens en MTC combinent les extraits pour préparer des médicaments précisément conçus en fonction des besoins uniques d’un patient, tant sur le plan de sa constitution, de ses émotions, de sa
santé physique que de son milieu ambiant. Cette méthode diffère grandement de la démarche médicale occidentale qui prescrit le même médicament à tout le monde pour le même problème, suite à des
recherches démontrant que ce médicament s’est révélé suffisamment efficace sur un certains nombre de patients. En MTC, il pourrait y avoir cinquante patients avec la même maladie, mais avec des
constitutions et des déséquilibres très différents. Et le médecin prescrirait donc cinquante combinaisons d’extraits médicinaux au lieu d’un seul médicament.
Par contre, il existe également en MTC des médicaments brevetés qui sont vendus sous forme de pilules en tant que remèdes classiques sous forme de formules. En Chine, on permet aux fabricants
répondant aux normes strictes du gouvernement de créer leurs propres médicaments. L’inconvénient avec les pilules déjà prêtes, c’est qu’elles ne sont pas préparées pour répondre aux besoins
précis d’un déséquilibre individuel. Leur grand avantage est leur bas prix et leur facilité d’emploi. En effet, la préparation des médicaments prend du temps et leur ingestion est désagréable en
raison de leur goût bizarre et particulier. Par ailleurs, les pilules conditionnées permettent d’avoir facilement accès au pouvoir thérapeutique des plantes et des divers extraits.
Les plantes alimentaires
Le Nei Jing dit que «si aucun aliment n’est ingéré pendant 12 heures, le Qi s’affaiblit. Si aucun aliment n’est ingéré pendant 24 heures, le Qi s’épuise». Les aliments que nous ingérons sont donc
de la plus haute importance en ce qui concerne le maintien du Qi et de la santé. En Chine, l’alimentation sert à maintenir la santé et à contrer les maladies depuis plus de 5 000 ans. En général,
nous devrions manger de petites quantités d’aliments à des heures régulières, en fonction de notre faim et de notre soif. Et les aliments possèdent des caractéristiques qui peuvent instaurer ou
dissiper les déséquilibres.
Une des façons de classifier les aliments est par les saveurs. Chaque aliment possède une saveur spécifique qui entre en résonance avec un organe précis (Poumons, piquant; Reins, salé; Foie,
acide; Cœur, amer; Rate, sucré ou neutre). On qualifie cette résonance d’«affinité», qui permet aux propriétés naturelles des aliments d’agir comme agents de guérison pour un organe particulier.
Par exemple, les aliments acides, comme le vinaigre et les agrumes, sont associés au Foie. Les aliments salés, comme le céleri et les algues, sont associés aux Reins. Les aliments amers, comme
les légumes à grandes feuilles vert foncé et le melon amer, sont associés au Cœur. Les aliments sucrés, comme le yam et le thon, sont associés à la Rate. Et les aliments piquants, comme l’ail et
l’oignon, sont associés aux Poumons. Le tofu est aussi associé aux Poumons à cause de sa couleur blanche et à la Rate à cause de sa saveur neutre. Dans mes ateliers de chi kung amaigrissant, je
fais toujours des recommandations d’ordre alimentaire. Si une personne a le Foie faible, par exemple, je lui recommande de consommer davantage d’aliments acides, comme le citron.
En plus de pouvoir être
classés par saveur, les aliments peuvent aussi être classés par température: chaud, tiède, neutre, frais ou froid. Cette classification ne renvoie pas à la température thermique, mais à leur
qualité énergétique intrinsèque. Ainsi, l’orge, la laitue, la tomate et le canard sont froid ou frais de nature, alors que la citrouille, le gingembre, les oignons et le poulet sont chauds ou
tièdes. Si nous sommes en santé et fort, nous sommes plus à même de supporter les aliments chauds et froids. Mais si nous sommes malade ou faible, les aliments tièdes ou frais nous conviennent
mieux, entre autres la soupe au poulet ou le jus d’orange. Si une des personnes qui me consulte a une forte fièvre, je lui demande de ne pas manger d’aliments chauds ou épicés, comme les clous de
girofle ou le poivre de Cayenne, qui ne feraient qu’aggraver ses symptômes. Par contre, si elle a froid, je lui suggère de consommer davantage d’aliments épicés.
Une autre chose à considérer pour maintenir l’équilibre dans l’alimentation, c’est le climat. Les aliments frais, comme les fruits et les légumes crus, le tofu et le riz peuvent être consommés
quand il fait chaud pour éliminer la chaleur. Les aliments chauds, comme les légumes-racines, l’agneau, ainsi que le beurre et la crème peuvent être consommés quand il fait froid.
En Chine, les paysans chinois modifient naturellement leur alimentation selon les saisons et leur niveau d’activité. Ces paysans ne consultent généralement pas de médecin à cause de la distance
qui les sépare de l’hôpital et du prix des traitements. Ils se contentent de mettre en pratique les mesures de soins personnels mises de l’avant par la MTC. Ils régulent leur alimentation sur
leurs activités : quand ils entrent en période de plantation ou de récolte et qu’ils savent qu’ils ont besoin d’énergie pour accomplir une journée de travail ardu, ils mangent davantage. En
général, pendant ces périodes, ils égorgent un cochon et le salent pour conserver la viande durant les semaines à venir. Ensuite, pendant les saisons où les champs demandent moins de travail, ils
réduisent leur consommation alimentaire. Ils ingèrent alors du congee (porridge de riz) pour le petit-déjeuner, accompagné de quelques légumes marinés, au lieu de prendre du riz frit au porc et
aux œufs, plus consistant.
La saison dans l’année, les déséquilibres sous-jacents à nos symptômes et à notre constitution sont autant de facteurs qui déterminent les aliments thérapeutiques à consommer. Quand nous
comprenons l’alimentation sous cet angle, nous pouvons inclure ou exclure des aliments de notre alimentation afin de prévenir la maladie et maintenir la santé. Cependant, pour déterminer les
aliments qui sont bons pour nous, il faut qu’un praticien en MTC établisse un diagnostic et nous recommande des aliments selon l’état de fonctionnement de nos complexes d’organes, chose que je
fais dans tous mes ateliers de chi kung amaigrissant grâce au Test de caractérologie 40 (TC 40) et à la prise des pouls. La transition entre alimentation déséquilibrée et alimentation équilibrée
doit se faire de façon graduelle. La médecine chinoise ne recommande pas une série de régimes qui disent ce que nous pouvons manger ou pas. Elle cherche avant tout à rétablir l’équilibre dans le
corps afin que nous puissions consommer en modération toute une variété d’aliments, et ce en fonction de notre propre constitution, de notre santé dans le moment et des facteurs
climatiques.