... de dire ce que je pensais de toi, j'aurais eu un sourire. Parce qu'il n'y a pas à dire, tu étais un vrai personnage. Une somme de petites choses attachantes, qui fait qu'on ne pouvait que
t'adopter. Ta ponctualité légendaire, tes garde-contre flamboyantes et tes "Désolé pour celui qui est avec moi" flagorneurs, tes "Hum, j'ai rien suivi" et "Je joue quoi" (ce à quoi on répondait
invariablement, "Ah non pas celle-là!"), mais aussi ta façon d'avoir la trouille d'ouvrir n'importe quelle bouteille en la poussant vers la personne la plus proche de toi, ton sourire quasi
permanent, ta dégaine déguingandée, ton frigo pleins de flamby et ton appart au style tout ce qu'il y a de plus épuré. Ta passion pour Mozart et les Pink Floyds, ta charcuterie from the Boucher (de
la Butte) pour les pique nique où tous les autres se cassaient pas et apportaient du sous-vide, ta gourmandise et ton dévouement pour finir tous les bols de chips ou petits gâteaux qui trainent.
Ton petit accent chantant, ta façon de toujours répondre, invariablement "Je suis dispo toute la semaine" et parfois, de nous surprendre avec des "Ah non pas cette fois" énigmatiques, ta discrétion
sur ta vie perso et ta verve sur ton travail quand on rentrait tous les deux en métro. Ces petits surnoms qui te collaient si bien à la peau (ah, Charlotte). Alors, malgré tout cela, c'est vrai, on
n'était pas des amis intimes. Mais on était amis. Ca c'est sûr. Et ca me manquera, à l'heure pile, quand la sonnette de la porte résonnera, de ne plus avoir la certitude absolue que c'est toi qui
attend derrière. Tu vas nous manquer.