Après des négociations tendues orchestrées par l’exécutif, Nicolas Sarkozy l’a annoncé aujourd’hui : l’Etat va créer un fonds souverain de 20 Milliards d’Euros pour soutenir l’économie en investissant dans des PME et des grandes multinationales, géré par le directeur de la Caisse des Dépôts et Consignation (CDC).
Mais commençons par regarder la constitution du capital de ce fonds souverain : il se compose d’une participation de 14 milliards d’Euros de la CDC, le reste provenant des liquidités de l’Etat (sic). Sauf que la CDC a déjà pour mission de détenir des participations dans des entreprises stratégiques du CAC 40, ce fonds souverain existe donc déjà ! Il s’agit donc d’un tour de passe-passe politique destiné à faire croire qu’un nouveau fonds est créé, mais il n’en est rien. Preuve en est que le président de la République est toujours adepte des effets d’annonce.
Cependant, une seule question réside : où Nicolas Sarkozy a-t-il pu trouver tout cet argent alors que celui-ci affirmé à plusieurs reprises « les caisses sont vides » ?
Est-il allé chercher cet argent « avec les dents » comme il promettait de le faire pour la croissance ?
Car comment alimenter un fonds souverain, dont l’Etat est lourdement endetté et possède un déficit extérieur colossal ? En effet, ce ne sont que les recettes issues du commerce extérieur qui peuvent être placés dans un fonds souverain, les pertes non. Il n’y a donc rien à placer, à part des emprunts contractés auprès d’autres banques.
Enfin, l’Etat multiplie ses contradictions en créant ce fonds souverain ; en effet celui-ci créait déjà récemment une Agence des Participations de l’Etat (APE) pour éviter le laxisme des représentants de l’Etat dans la gestion des entreprises à participation publique comme ce fut le cas lors du désengagement de Lagardère d’EADS. Comment croire que ce fonds souverain gérera correctement ses placements si l’Etat n’a pu le faire auparavant ? La CDC craint également une mainmise de l’exécutif dans sa gestion : "C'est une remise de l’autonomie républicaine et de l’intérêt général de la CDC » estime Jean-Philippe Gasparotto, secrétaire du comité de groupe de la CDC. En effet la CDC a des obligations de gestion sans aucun risque de certains dépôts et de financement du logement social à partir de ces dépôts. Comment pourra-t-elle agir ?
L’autre scénario
Mais un autre scénario eut été possible si pendant plus de 30 ans les gouvernements de droite comme de gauche n’avaient pas creusé les déficits abyssaux par des politiques court-termistes se traduisant par un gouffre de 1200 milliards de dette publique, aujourd’hui la France pourrait sans aucun doute constituer un fonds d’investissement beaucoup plus conséquent qui pourrait lui permettre d’assurer la transition en période de crise.
Comme dit l’adage, « Gouverner c’est prévoir ». Force est de constater que ni les uns ni les autres, n’ont ni voulu ni su prévoir.