Enfin... vous souhaite une bonne année 2009... Paix, Amour et Unité...
Alors qu'en terre
biblique cette nouvelle année a débuté sous les bombes et les rockets pour enfonçer, encore un peu plus, deux peuples frères dans l'horreur et la peur et attisant ainsi d'avantage la haine de
l'autre, à quelques kilomètres à vol d'oiseau de là, en terre éthiopienne, on vient ce 7 janvier de fêter le Lédet, Noël local. Ayant consacré précédemment un article à ce propos, votre blog préféré vous invite à vous y repporter en cliquant ICI.
Si
l'Ethiopie n'a eu aucune influence sur le Reggae dans sa création, elle est la colonne vertébrale du Mouvement Rastafari qui s'invita à la table (de mixage!) de notre musique préférée à la fin des 60's. Sans ajouter
“il était temps”, vient de trouver place dans les bacs le témoignage d'une rencontre entre ces deux univers somme tout aussi différents
qu'indissociables dans la compréhension non seulement de l'évolution de la musique jamaïcaine mais aussi dans l'apport du Reggae à la communauté Rasta. Sorti sur Real
World, le projet Dub Colossus in a Town Called Addis est le fruit d'une collaboration à Addis
Abeba entre le britanique Nick Page, aka Dubulah, aka Dub
Colossus, et des chanteurs et musiciens éthiopiens, au nombre de cinq, originaires de toutes les régions du pays.
La rencontre de ces deux univers musicaux que l'on pourrait croire incompatibles tant ils sont extrèmement éloignés l'un de l'autre met à l'honneur avec justesse et beauté la musique Azmari et autres styles traditionnels du chant populaire éthiopien des 60's et
70's. Sous la houlette de Nick Page, c'est un doux mais épicé mélange, un subtil et envoutant compromis entre
rythmes Reggae, Dub voire Stepper, et musiques
traditionnelles oscilant entre Afrique noire et monde arabo-musulman, aux influences jazz indéniables que ces artistes ont su parfaitement concocter.
Compositeur, guitariste, bassiste et programmeur, Nick Page* a su s'entourer d'artistes hors paire, parmis les plus
talentueux aussi bien de la nouvelle génération que de véritables légendes vivantes à l'image du saxophoniste Feleke Hailu Woldemariam ou du chanteur Bahta Gerbrehiwot (vétéran des 60's). En maître
saxophoniste, Feleke Hailu, est un compositeur classique, professeur et haut responsable à l'Ecole de Musique de Yared. Il est le garant d'une tradition famiale musicale bien antérieure aux classiques de
son pére Mahmoud Ahmed, chanteur de l'age d'or de la musique éthiopienne entre 1969 et 1978 que l'on peut retrouver sur la
sublissime et indispensable série Ethiopiques avec les volumes 7 et 19 qui lui sont intégralement consacrés. C'est à cette même école de Yared que
le pianiste d'exception classique et éthio-jazz, Samuel Yirga Mitiku, qui s'assoie derrière le clavier sur la plupart des titres de l'album, étudie. Parmis les autres musiciens qui ont participé au sessions
d'enregistrements sitons Hailu Fasika au krar (harpe traditionnelle), Getachew
Werkley à la flûte, Teremage Woretaw au messenqo (sorte de violon à une
corde), jeune artiste porteur de la tradition Azmari.Si ce dernier pose sa voix sur une poignée de morceaux dont le superbe titre d'ouverture Azmari
Dub ou le profond Sima edy, ce sont principalement des femmes qui tiennent le micro : Sintayehu 'Mimi' Zenebe, surnommée à juste
titre 'l'Edith Piaf' de la chanson éthiopienne qui par ailleurs posséde le Club Doku à Addis Abeba, lieu consacré à la musique traditionnelle Azmari ; la jeune Tsedenia Gebremarkos
Woldesilassie interprète reconnue en son pays et habituée des radios locales, qui en 2004 remporta le Prix Kora,
récompensant la meilleure chanteuse d'Afrique de l'Est et la talentueuse Desta Fikra. Enregistré entre 2006 et 2008 principalement au Studio Wormwood situé en plein centre de la capitale éthiopenne, c'est en terre britanique dans les studio du label Real World que se dut se finaliser l'opus, l'occasion pour la plupart des artistes du cru de quitter pour une première fois le sol
éthiopien.
In a town called
Addis est une véritable invitation au voyage dans le pays du berceau de l'Humanité. Si l'influence indéniable de la musique jamaïcaine avec un
fort penchant Dub (voir electro Dub par moment) se fait sentir tout au long de ces 11 titres, c'est véritablement la tradition musicale éthiopienne qui retient l'attention et émerveille. Le krar, le messenqo et autre kebero (double tambour traditionnel) n'ont pas à rougir, loin de là, devant un piano classique éthio-jazz ou un riddim Reggae Roots à souhait. Entre poésie et envolées lyriques
envoutantes, entre traditions et sonorités contemporaines, ces artistes qui ont su travailler dans une symbiose évidente livrent un album lunaire, un opus OMNI qui trouvera place aisément dans
nos discothèques au rayon des OMNI (Objet Musical Non Identifié!)...
* Nick Page a commencé sa carrière musicale avec Michael Riley de Steel Pulse.
Après avoir fondé en 1990 avec Tim Whelam et Hammid Man-Tu, Trans-Global Underground, qui enfantera 6 albums, il quitte le groupe en 1997 pour former Temple of Sound avec Neil
Sparkes.
Traclist
1. Azmari Dub
2. Entoto Dub
3. Tazeb Kush
4. Shegye Shegitu [Blue Nile Mix]
5. Yeka Sub City Rockers
6. Shem City Steppers
7. Tizita Dub
8. Black Rose
9. Neh Yelginete
10. Ophir Dub
11. Sima Edy
12. Ambassel
13. Mercato Music