
Car comme Honor de cavalleria, Le chant des oiseaux ressemble moins à un film qu'à une sorte d'épreuve surhumaine pour déterminer si vous êtes ou non un vrai amateur de cinéma d'auteur. Parviendrez-vous à rester assis sur votre siège pendant une centaine de minutes sans bailler, sans somnoler, sans penser à ce que vous ferez après le film ? Si oui, alors bravo : vous appartenez définitivement à l'élite des cinéphiles. Il ne se passe strictement rien à l'écran, toute forme d'émotion est bannie, et il est même impossible de se raccrocher à la simple esthétique d'un film plus brouillon qu'autre chose.
Si Le chant des oiseaux est moins supportable que Honor de cavalleria, c'est non seulement parce qu'il ravit moins l'oeil, mais aussi - et surtout - parce qu'il vient après. Que Serra ponde un film de ce genre, d'accord ; mais deux, ça commence à faire beaucoup. Surtout que cela semble annoncer dix, vingt, cent copies conformes, toutes basées sur des pseudo-postulats différents (après Don Quichotte et les rois mages, pourquoi pas Lawrence d'Arabie ou Moïse ?). On dit de certains grands cinéastes qu'ils ont fait le même film toute leur vie : il faudrait juste dire à l'espagnol que ce n'est qu'une façon de parler.
3/10
(également publié sur Écran Large)