Le vinyle renaît !

Publié le 22 janvier 2009 par Chantal Doumont

Le vinyle renaît sur les cendres du CD

Alors que 2008 aura été marqué par l'explosion du marché de la musique numérique, un support irréductible tente de résister face à l'envahisseur : le vinyle, qui a vu ses ventes quasi doubler aux Etats-Unis par rapport à 2007. Un phénomène peut-être moins étrange qu'il n'y paraît.

Effet rétro

Inventé en 1948, le disque microsillon aurait dû mourir de sa belle mort avec l'avènement du compact disc (CD), apparu sur le marché en 1982. Sauvées par les DJs de hip hop et de musiques électroniques, qui les ont maintenues sous perfusion au cours des années 1990, nos bonnes vieilles galettes ont donc franchi le cap du troisième millénaire. Mais on a encore eu peur pour elles lorsque ces mêmes DJs se sont convertis aux platines numériques. Qui allait donc être assez fou pour acheter des disques de 30 cm de diamètre contenant une heure de musique, là où on peut stocker des milliers de chansons dans un vulgaire baladeur MP3 ?

Malgré ce contexte difficile, les ventes de vinyle ont pourtant explosé sur l'année 2008, avec près de 1,9 millions d'unités écoulées chez nos voisins américains. En France, le phénomène serait moins notable mais également au rendez-vous, concédait récemment la SNEP à Numerama. Certains attribuent ce nouvel engouement à une réédition massive d'albums classiques à l'occasion des soixante ans du vinyle, comme le Abbey Road des Beatles, qui a été la seconde meilleure vente de l'année sur ce support, rapporte Rolling Stone. Les Francis Cabrel qui considèrent que "c'était mieux avant" seraient donc une secte en pleine expansion ?

Sur les cendres du CD...

Au delà des pulsions nostalgiques, qui poussent certains à s'empiffrer de bonbons Haribo devant l'intégrale des Cités d'Or en DVD, ce retour en force de la galette s'explique également par la faillite du CD. Faillite commerciale, face à la duplication et au piratage à outrance. Mais aussi faillite qualitative, pour un support dont on nous disait qu'il offrait le meilleur rendu et était quasiment indestructible. Or, le CD est loin d'être inusable, tout comme les platines censées le lire, et ses pochettes sont fragiles et moches. Puis, certains (dont je suis) ne sont toujours pas convaincus de sa supériorité sonore. Trop froid, le son du CD ne rivalise pas avec la chaleur du vinyle. Surtout pour les musiques qui misent tout sur les basses ronflantes. Argument renforcé par l'explosion du format MP3, qui a fait reculer la qualité du son numérique d'un cran.

Bien sûr, nul ne prétend que ce sursaut du vinyle va toucher les masses. Avoir un mange-disque qui trône dans son salon relevant plus de la déco hype qu'autre chose. Même en augmentation, les ventes de vinyle ne représentaient toujours que 1% du volume global des ventes de disques en 2008. Toujours est-il que ce micromarché de mélomanes essaie de faire entendre sa voix à l'heure où on nous répète que la crise de l'industrie est essentiellement due au fléau du piratage. Et si finalement on avait oublié de donner au consommateur l'envie d'acheter ?

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