J'apprends aujourd'hui, dans le numéro de février de L'Histoire, et sous la plume du controversé critique littéraire Pierre Assouline, dans sa « Carte blanche », que la France, avec 13% des traductions publiées chaque année dans le monde, est le premier pays traducteur. 13%, c'est donc plus de 13 fois plus que sa proportion de la population mondiale, qui n'atteint même pas 1%. J'ai été - fort agréablement - surpris par ce chiffre, qui témoigne d'un vif intérêt des Français pour les cultures étrangères.
Je me suis aussi demandé, dans un second temps, ce qu'il faut penser des rituelles campagnes d'auto-dénigrement françaises, alimentées le plus souvent par une certaine presse anglo-saxonne, qui font de la France un pays « fermé » aux autres cultures.
Un pays vivant en autarcie culturelle consacrerait-il autant d'efforts et d'argent à l'art difficile de la traduction ? Celui-ci serait-il rentable s'il n'y avait pas, à l'aval, des lecteurs pour acheter ces livres traduits ? Il semble que le problème tienne plutôt de l'incapacité intellectuelle de nombre de Français à voir que leur pays est précisément l'inverse du pays replié sur lui-même décrit par des idéologues.
Roman Bernard
Criticus est membre du Réseau LHC.