Obama 2.0 for President, et après ? Inadéquation temporelle et de pouvoir

Publié le 22 janvier 2009 par Lilzeon

Citoyens !

Une petite réflexion suggérée par l’interview du brillant Stanislas Magniant dans Marianne 2 ce matin à propos de l’après-campagne :

“En outre, ces militants venus par Internet ont été nombreux à participer, en chair et en os, aux caucus, à battre le pavé pour faire s’inscrire les électeurs sur les listes, et à passer des coups de fil en personne. Les 100.000 personnes réunies à St-Louis pour l’un des derniers meetings d’Obama n’étaient pas des avatars échappés de second life…

Quant au retour à la réalité, il pourrait effectivement être brutal, surtout pour de nouveaux venus en politique. On fait généralement campagne en noir et blanc, mais on gouverne en nuances de gris.
L’été dernier déjà, une mini-fronde s’était développée à l’occasion de l’examen d’un projet législatif controversé (FISA, Foreign Intelligence Surveillance Act). Barack Obama, en tant que Sénateur, a finalement voté en faveur du texte amendé, au grand dam d’une partie de ses supporters.”

Car il s’agit bien d’une inadéquation qu’Obama et ses équipes vont devoir résoudre : on fait campagne pour mobiliser les cœurs et les votes, assoir sa popularité, mais pas pour livrer un mode de gouvernance. Cette quête de popularité en politique peut passer par de nombreux recours :

  • arriver à parler de préoccupations qui correspondent à une demande latente des citoyens, être “en phase”
  • sombrer dans les appels à la haine contre un “ennemi” (ex : radio Mille Collines…)
  • savoir créer l’agenda, être la “source”

Or le problème que je vois est que justement pour gouverner Obama va devoir faire aussi des choix impopulaires. Des questions émergent :

  • sera-t-il scotché non plus par un establishment de Washington mais par les leaders d’opinion “d’en bas” à qui il a donné énormément de pouvoir lors de sa campagne ?
  • pourra-t-il maintenir une popularité en mode “projet” alors que les mesures de popularité se jouent par “coup” ?

Par rapport à la “reputational democracy”, une première idée : s’il parait assez facile et légitime de partager son “pouvoir” ou sa puissance de feu avec le citoyen lambda en ligne, il semble très compliqué quand il s’agit du pouvoir de gouverner de lui attribuer une place aussi importante. Lui donner les clés de la maison et les lui reprendre le lendemain, est-ce acceptable ? N’oublions pas une autre évidence politique américaine : les Démocrates sont fédérés seulement au moment de la campagne, ils font fi de leurs différences pendant ce temps là uniquement (rappelons nous des Primaires…). Le reste du temps est dédié aux questions plus locales.

Le temps étant une ressource rare, comment à la fois continuer cet effort pour Obama tout en se concentrant sur le quotidien étatique ? L’un ne va-t-il pas à l’encontre de l’autre ?