Cyrillus : le prochain succes?

Publié le 16 août 2007 par Miss Culture Marketing @missculturemkg

Ce matin, en me rendant à mon travail - oui, je vous jure c'est vrai, j'ai travaillé un 16 Août - je suis passée comme tous les matins devant la boutique Cyrillus. Et là, je me suis fait une remarque : un slim dans la vitrine! La dernière collection a pris un sacré coup de jeune! Coincidence cet après midi, j'ai flashé sur le trench de copine S. qui me dit alors tout bas quelque chose du genre : "tu ne devineras jamais où je l'ai acheté - et ne le dis à personne....Je l'ai acheté chez Cyrillus." 
Il ne m'en fallait pas plus pour farfouiller sur internet à la recherche d'informations...Ma question : savoir si la marque a bénéficié d'une cure de rajeunissement récemment. Aujourd'hui Cyrillus a encore une image très coincée, intemporelle certes, mais dans laquelle il ne ferait pas de mal de ré-injecter un peu de modernité, voire de mode tout court. Je pense notamment à des marques voisines en termes de style comme Comptoir des Cotonniers ou Gérard Darel qui font la même chose que Cyrillus, à savoir décliner et adapter des classiques aux tendances, qui ont réussi l'exploit d'accrocher et habiller une cible plus jeune...et leur maman. Je dis exploit car qui aurait pu dire qu'un jour une ado rebelle et boutonneuse accepterait de se fringuer dans la même enseigne que sa mère? Pas moi à l'époque en tous cas!

Première chose : je découvre que cette année la marque fête ses trente ans. Autant vous le dire tout net, je pensais qu'elle en avait plutôt 50. Elle a été créée en 1977 par une madame Danielle Tellinge en l'honneur de son fils Cyrille qu'elle n'arrivait pas à habiller. Non pas qu'il était trop gros, mais elle trouvait que tout ce qui existait était moche. Je tiens ici à remercier Danielle pour le look BCBG qui a fleuri à l'époque dans les cours de récré...alors qu'on aurait pu se retrouver en salopette et baskets à scratch. Ne dites pas non, vous en rêviez tous, des baskets à scratch. 

Deuxième chose : elle possède 33 boutiques en France (dont 11 en région parisienne) et 11 autres à l'étranger. Encore une fois, je pensais que le chiffre serait plus élevé. La marque s'est donc construite lentement, avec visiblement une ambition mesurée. Autre remarque à chaud : la proportion de boutiques parisiennes m'étonne car pour l'image que j'en avais était plutôt bourgeoise de province. Ne vous méprenez pas, je ne juge personne, ayant moi-même porté dans ma tendre enfance quelques bonnes vieilles robes à smokes qui grattaient avec un petit cardigan col claudine...Oui, bon, depuis ça m'est un peu passé, je vous rassure...(quoique le col claudine et la robe baby-doll reviennent en force ces temps-ci).
Côté designer, le nom d' Eric Bergère revient souvent. Avec lui l'expression néo-dandy. Il aurait commencé sa collaboration avec Cyrillus l'été dernier, avec pour objectif de retravailler les classiques. Comme par hasard, en suivant son parcours professionnel, on le retrouve successivement chez Hermès, Inès de la Fressange, et...Gérard Darel. Avec la même obstination de faire de ces marques des marques "évolutives". Il définit par ailleurs son style d'austère, mais toujours dans un souci de "minimalisme sexy". Pour cela, il dit lui-même avoir d'abord repéré dans les collections Cyrillus précédentes les best-sellers et modèles récurrents pour pouvoir ensuite "s'amuser avec".
Le résultat de cette collaboration est donc une collection un peu moins BCBG tout en étant toujours basée sur les classiques. Un positionnement drôlement proche d'une marque comme Comptoir des Cotonniers. Et quand on voit le chemin parcouru par celle-ci, on se dit qu'on est bien parti pour en faire le succès des prochaines saisons. Les atouts d'une marque comme Cyrillus? L'intemporalité, un style classique, une cible mère-fille à portée de main. Les faiblesses ou, à mon humble avis, les points critiques auquel la marque devra faire face pour se hisser au niveau de son concurrent : la marque elle-même (trop évocatrice du seizième - versaillais - serre tête et rang de perle), la faiblesse de son réseau de distribution, sa cible mère-fille, qui est en fait plus une cible mère-enfant aujourd'hui.
Ce que je ferais si j'étais chez Cyrillus aujourd'hui (en toute humilité, hein, bon) ? Je segmenterais cette cible mère-ado de la cible enfant, avec peut être même deux marques distinctes. Je forcirais encore plus le trait sur un ou deux classiques (une ou deux pièces évocatrices de la marque mais fashionisées genre le fameux col claudine, la robe baby doll dont je parlais, ou une pièce particulière genre le trench Burberry ou le 48h Darel) qui seraient la figure de proue et le coeur de communication de la marque sur cette cible mère-ado. Et enfin, je rénoverais quelques boutiques à proximité de quartiers branchés, en identifiant clairement les deux marques en point de vente. Ah oui, et je ferais évoluer le logo Cyrillus : c'est quoi ce banc au dessus du nom??
M'enfin, moi je dis, ça...Je m'enflamme pour une marque qui m'a désespéré toute mon enfance...Que voulez-vous... marketing quand tu nous tiens...