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La chambre d'amis

Par Anne Onyme

chambre_damisLa chambre d'amis - Marcel Möring

Les allusifs, 104 pages

Résumé:

Au chômage après la guerre, un ancien pilote, sa femme et leur fils précoce se mettent à construire des avions miniatures pour un marchand de jouets. La petite famille coule alors des jours heureux, mais un visiteur inattendu, surgi du passé et porteur de calamité, viendra bouleverser sa vie par une nuit pluvieuse, dans la maison des dunes, sur la mer du Nord.

Mon opinion:

Marcel Möring a une écriture qui me plaît beaucoup. Il dépeint, dans un roman sobre, concis, un peu triste et très imagé, l'histoire d'une petite famille un peu différente des autres. La chambre d'amis est un beau roman tout en finesse, avec parfois, une pointe d'humour. On n'a qu'à penser à la scène du restaurant où le petit David prend le contrôle des cuisines! Certaines scènes sont plus profondes. Un instant David regarde son père et dit "Un seul homme et tant de visages". Ce roman, c'est aussi un symbole de la perception des autres face à nous-même, ce qui nous définit en tant que personne, qui nous sommes. On s'attarde essentiellement sur le parcours de vie du père de David et c'est son passé et son présent qui nous est raconté. Le roman est construit en quatre temps (4 chapitres) qui s'étalent sur différentes périodes dans la vie du garçon. C'est un court roman qui se lit d'une traite. On relit parfois des passages pour en saisir toute l'essence. On y fait certaines allusions à la guerre, mais c'est surtout une vision de la vie que nous offre l'auteur. La façon dont David voit et décortique ce qui l'entoure. Le récit alterne entre la maturité des adultes (par rapport à des sujets sérieux comme la Guerre, la famille ou la remise en question de notre propre vie) et la fraîcheur du regard d'un enfant aussi précoce est-il (qui se demande si devenir cuisinier est un métier authentique et important et qui observe ses parents avec une vision particulièrement aiguisée.) Les personnages sont attachants. Le portrait du père m'a beaucoup plu et j'ai malgré tout, aimé l'intrusion de Humbert Coe, personnage extravagant qui prend sous son aile le petit David. J'aurais aimé rester encore un peu dans cet univers, mon seul bémol est la concision du roman. J'aurais apprécié quelques pages de plus, histoire de prolonger le plaisir de la lecture. L'auteur réussis à rendre originale une histoire qui pourrait être banale. Marcel Möring est un écrivain que je découvre et que je veux relire absolument.

Quelques extraits:

"À l'époque, piloter était aussi simple que de conduire une moto, dit-il. Tu sautais dans ton zinc et tu t'envolais, et si tu en avais envie, tu te posais à midi dans un pré derrière un café de village pour aller casser la croûte."
p.13

"Ma mère n'avait toutefois pas prévu que j'aimerais la cuisine, et même à un point tel que mes parents, depuis deux ou trois ans, se sentaient tenus de m'offrir des livres de recettes pour mon anniversaire. (Que je lisais comme d'autres dévorent des romans; en revanche, quand je lisais un roman, j'aimais y trouver des descriptions de plats et de repas, que je pouvais ensuite convertir en recettes. Ma mère m'avait déjà expliqué que les livres de cuisine n'étaient pas matière à lecture et que les romans n'étaient pas des livres de recettes, mais je lui avais répondu que je vivais une aventure aussi agréable en me plongeant dans La cuisine italienne d'Elizabeth David que dans The Wind in the Willows.)"
p.58


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