Bangkok, 5 décembre 2007 : L'éléphant blanc royal
Le coup d'Etat militaire de septembre 2006 contre le gouvernement corrompu du Premier ministre Thaksin Shinawatra et l'exil de ce dernier à Londres n'ont pas remédié à l'instabilité politique, puisque les partisans de Thaksin sont revenus au pouvoir à la faveur de fraudes massives lors des élections législatives de décembre 2007. C'est du moins ce que la Cour constitutionnelle vient de sanctionner en prononçant la dissolution du Parti du pouvoir du peuple (PPP) du nouveau Premier ministre Somchaï Wongsawat, beau-frère du précédent.
La crise, déjà émaillée de fusillades et d'attentats, semble se résumer au sommet à un affrontement de milliardaires : d'un côté Thaksin, le PPP et ses chemises rouges, de l'autre le magnat charismatique Sondhi Limthongkul, son parti de l'Alliance du peuple pour la démocratie (PAD), sa chaîne de télévision ASTV que regardent un million de Thaïlandais et ses chemises jaunes aux couleurs du roi. Les deux hommes financent des dizaines de milliers de fidèles, rouges contre jaunes, également fanatisés et prêts à en découdre.
Cependant, en filigrane, ce sont des choix économiques et géopolitiques cruciaux qui se dessinent dans ce pays ébranlé, alors que s'annonce la fin d'un règne prospère. Si chacun y va de ses protestations de loyauté au roi, la tension entre Thaksin et le souverain est ancienne. Le roi Bhumibol a toujours favorisé une économie bien tempérée, prônant l'autosuffisance des paysans. Thaksin au contraire est un mondialiste soutenu par les USA. Il n'est guère étonnant qu'il ait le soutien appuyé de la "communauté internationale" et de ses relais de presse, tout ceci bien sûr au nom de la démocratie... Voilà qu'on commence à parler d'abolir la monarchie en Thaïlande et, en août dernier, le magazine américain Forbes, dans son classement des "World's Richest Royals", a propulsé Bhumibol souverain le plus riche du monde, au grand embarras du Palais. Pas faux, mais cette notoriété soudaine, est-ce un hasard ?
Passent les coups d'Etat (18 depuis le début de son règne), les premiers ministres (27), les constitutions (16), le roi demeure. Mais que deviendra après lui la Thaïlande ?
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