Lulu, femme nue d'Etienne Davodeau

Publié le 10 janvier 2009 par Babs



J'ai enfin lu la nouvelle Bd d'Etienne Davodeau! 
J'avais aimé Les Mauvaises gens, Un homme est mort, ces histoires réalistes, cette ferveur militante, cet héritage familial empreint de luttes ouvrières et les valeurs sociales qu'il avait retranscrit dans ses deux bd. Dans Lulu, femme nue, dont le premier tome de cette histoire vient d'être publié, Etienne Davodeau cette fois-ci raconte l'histoire de Lulu, 40 ans, mère au foyer de trois enfants, qui se fait recaler pour la énième fois à un entretien après 16 ans d'inactivité professionnelle.C'est le point de départ de l'histoire. Le point de non retour pour elle.Elle décide de partir, laissant derrière elle, mari et enfants. Lulu est juste une femme fatiguée de s'être laissée oublier.... Pas de tristesse, d'aigreur,  ou quelconque cynisme qui plomberaient cette aventure, cette fuite ou cette liberté et cette insouciance retrouvée.
C'est par la voix du meilleur ami qu'on apprend l'histoire de Lulu...C'est lui qui part à sa recherche et qui lui parle; rendant ainsi compte à leur groupe d'amis de son état et des dernières nouvelles. Toute cette joyeuse petite bande est hypnotisée par le récit, redécouvrant leur amie et fascinée par l'audace qu'elle a eu de partir....partir un temps indéterminé car elle-même ne sait pas combien de temps il lui faudra...
Les "points apéro" entre potes sont l'occasion d'appréhender l'aventure avec humour et de dédramatiser. L'ainée des enfants est au premier rang dans l'histoire, signe de l'évolution de l'époque, c'est elle, qui du haut de ses 16 ans, participe aux discussions des adultes sans nullement être effarouchée par les propos tenus.Un brin d'enfance s'envole pourtant avec quelques larmes lorsqu'elle voit sa mère dans les bras d'un autre homme mais elle aura une remarque impitoyable de "petite femme en devenir" et qui cautionnera tout: "elle a bien raison".
Il y a de l'empathie dans les coups de crayons et le scénario d'Etienne Davodeau,  formidable conteur-illustrateur; comme l'envie de dire, c'est la vie, c'est comme ça, ça passera. 
D'une certaine façon, il me fait penser à Bénabar, à son dernier album "Infréquentable". Pendant que je lisais la bd, j'écoutais "L'effet papillon". Se connaissent-il ces deux-la? Je trouve qu'une confrontation au sommet serait amusante car ils ont su flairer chacun dans leurs styles et leurs univers, l'air du temps, l'époque....En tout cas, à la fin de ce premier tome, le suspense reste à son comble, on ne sait pas où Lulu est à nouveau partie...tout ce qu'on sait, c'est qu'elle est étonnement apaisée et je n'ai qu'une envie, la suivre dans son aventure. Vivement le prochain tome!