Jeff Koons or not Jeff Koons?

Publié le 21 janvier 2009 par Babs

Récemment, la polémique ou l'engouement autour de l'expo sur Jeff Koons au Château de Versailles m'avait amusé, puis intrigué, ayant plus une fascination sur la stratégie de médiatisation du "bonhomme" que pour son oeuvre en elle-même. Certains de mes proches s'étaient enthousiasmés à propos de cette initiative: "Génial", "Quelle audace!", "Ca c'est de l'art contemporain". Oui art contemporain et provocation vont parfois, voir souvent de paire, un duo d'enfer qui peut faire grimper la côte d'un artiste et créer l'adhésion du public.

Oeuvre de Jeff Koons exposée au Château de Versailles
  Effectivement Koons à Versailles, c'était un coup de maître une nouvelle fois audacieux de ce "business artist", ça, je le reconnais. Mais l'oeuvre d'art doit me procurer une émotion, une réaction, doit s'inscrire dans une démarche...Bien sûr, l'Art n'est fait que de ruptures, les plus grands courants artistiques se succédant aux précédents par l'audace d'un anti-conformisme face au courant prédominant. L'excellente expo à Beaubourg consacrée au Futurisme à Paris reste mon exemple le plus récent...

Mais comment Jeff Koons aussi brillant soit-il, devient-il l'artiste vivant le plus coté actuellement? Pourquoi lui plutôt qu'un autre? Finalement ce qui porte un artiste, ce sont les critiques d'art, ces êtres qui font et défont des carrières. Comme la sanction impitoyable d'un Parker qui déterminera un droit de survie sur un vignoble avec une seule de ses critiques...Et encore faut-il avoir le réseau et une stratégie peut-être solidement définie? Aujourd'hui, on peut gagner du "fric" beaucoup et rapidement même avec l'Art et un Koons ou un Damien Hirst l'ont bien compris...D'ailleurs, un nouveau livre vient d'être publié pour artistes versatiles en devenir: Art & marketing, Stratégies de promotion et de diffusion de l'art. Natacha Wolinski lui consacre une double page dans le Beaux Art magazine du mois de janvier mais reste quand même dubitative...Heureusement la scène artistique ne se résume pas à ces coups de projecteurs marketés et éphémères! Alors pour ne pas céder à la pensée unique et abonder dans le sens de tous, il vaut mieux lire Misère de l'art - Essai sur un dernier demi-siècle de création de Jean-Philippe Domecq qui vient d'être réédité aux Editions Pocket.

Deuxième Opus de la trilogie qu'il consacre sur l'Art contemporain, l'auteur fait parti de ces libres penseurs, qui loin d'être réac, démontre par une analyse incisive de quelle façon la part d'imposture a sévit de façon considérable dans ce milieu laissant finalement beaucoup de conformisme et de fadeur dans ce qui est prétendument vendu comme très original et visionnaire. 

Il analyse subtilement le rôle du discours critique qui les justifie auprès des institutions qui suivent et cautionnent...Autant vous dire que pour l'auteur, les rayures déclinées au fil des années en rouge, vert, bleu, ne sont en rien considérées comme de l'art, tout comme les pots de chambres; que sans être réac, un Koons à Versailles, il l'applaudit plutôt pour son ingénieuse idée d'hommes d'affaires et qu'un Buren ou un Jean-Pierre Raynaud le laisse perplexe. C'est un point de vue évidemment discutable mais il a le mérite d'éviter de nous installer confortablement dans le canapé de la pensée unique...Bref, à lire et relire pour appréhender différemment l'Art dit "contemporain"!