Si j'habitais Gaza
je ne serais pas là
à ruminer mes petits, mes maigres
soucis :
les défauts du patron
et mes peines de coeur,
l'organisation
du réveillon, tout ça
ce serait devenu
cadet de mes tracas
si j'habitais Gaza
je n'aurais que le temps
de penser à sauver
ma peau, de me glisser
sous les gravats
pour fuir,
je pousserais
des cris
et des lamentations
qui n'auraient rien à voir
avec ceux que j'émets
pour un oui pour un non
et à propos de tout,
du moindre contretemps
dans ma vie
à l'abri
ce serait dans mes chairs,
dans l'immédiateté
de mon souffle vivant
qu'il me faudrait sentir
menace, irruption
de tout ce qui
détruit.
Où est l'obscénité,
dans les ronchonnements
de ma vie trop gâtée
où j'ose me poser
quelquefois en martyr
ou là-bas
à Gaza
où je n'habite pas,
où tous les corps broyés
et percutés
gémissent ?
Le 04/01/2008.
Patricia Laranco