Editions Le Serpent à plumes
Natsume Soseki est le fondateur du roman moderne japonais au XIXe siècle. On lui doit notamment le poétique Oreiller d'herbes
Ces deux nouvelles sont particulièrement caractéristiques du style de Soseki : mêlant réel et fantastique, les récits sont à la fois très poétiques et teintés d'ironie ; le comique, voire le grotesque se conjuguent avec la gravité des situations
La première nouvelle met en scène une jeune homme en proie aux superstitions japonaises sur les fantômes. Il vient se plaindre à un ami de l'attitude irritante de sa vieille servante qui le met constamment en garde sur l'influence néfaste des esprits : il doit déménager s'il ne veut pas que sa fiancée meurt...car sa maison est mal orientée...Tout commence sur le ton de la blague puis l'horizon s'obscurcit quand l'ami lui déclare qu'il connaît une femme qui est morte de la même maladie. A son retour, notre héros est en proie à la peur de la mort. Il croise des silhouettes bizarres et entend des aboiements suspects. Une nuit de terreur commence...
Le deuxième récit, ayant également pour thème la mort, se déroule lors de la guerre russo-japonaise en 1905. Le narrateur vient de perdre à la guerre son meilleur ami, Kô. Il se rend chez la mère de l'ami pour la consoler et sur la tombe de kô. Il y distingue la silhouette d'une très belle femme inconnue, qui vient déposer des chrysanthèmes blanches. Obsédé par cette silhouette énigmatique, il s'improvise détective pour percer le secret de cette mystérieuse fiancée.
Sur des thèmes lugubres, Soseki parvient à rendre ses récits très vifs par le recours à la dérision. Les deux narrateurs frisent souvent le ridicule ; le premier se gausse des superstitions de sa servante ; mais il est terrorisé lors de sa promenade nocturne et se cache sous ses draps chez lui !
Le deuxième est imbu de sa personne : en bon scientifique, il se targue d'avoir trouvé la bonne méthode pour percer le secret de la jeune femme.Il hésite aussi à utiliser les salles méthodes des détectives car il est d'une honnêteté à toute épreuve...
Ces passages très ironiques alternent avec des descriptions magnifiques de paysages ou de portraits, très poétiques. Des passages très oniriques ,comme la promenade nocturne entre rêve et réalité, sont de toute beauté.