Alexandre Moatti présentait le mois dernier une nouvelle bibliothèque numérique présentant des textes fondateurs de la science antérieurs à 1940 et analysés par des scientifiques contemporains : BibNum.
Je viens de faire une analyse sur BibNum au sujet de la première liquéfaction de l’hélium réalisée en 1908 par Heike Kamerlingh Onnes au laboratoire de Leyde aux Pays-Bas : voir l’analyse sur Bibnum. L’analyse s’appuie sur le communiqué fait à l’Académie des Sciences où il décrit son expérience et sa découverte de l’hélium liquide. Il atteint alors la température de 1,65 K (-271,5 °C), la plus basse jamais atteinte par l’homme à cette époque. On peut voir sur la photo ci-contre H.K. Onnes (à droite) et G.J. Flim (à gauche), le chef du laboratoire de cryogénie, devant le liquéfacteur d’hélium à l’université de Leyde en 1908.
Seulement trois ans plus tard, Onnes découvrira par hasard la supraconductivité : en dessous d’une certaine température très basse, dite critique, certains matériaux laissent circuler l’électricité sans aucune perte (la résistance devient nulle). Onnes obtiendra le prix Nobel en 1913 pour ses recherches sur les propriétés de la matière aux basses températures, qui conduisirent, entre autres, à la production d’hélium liquide.
Cette découverte pouvant passer inaperçue était une prouesse technologique et scientifique tout en ouvrant la voie à de très nombreuses applications comme la supraconductivité. Les supraconducteurs sont principalement utilisés pour fabriquer des électroaimants peu encombrants et générant de très forts champs magnétiques. Aujourd’hui, la physique des particules et l’imagerie médicale ont recours tous les jours à la cryogénie à l’hélium liquide pour refroidir des aimants supraconducteurs. Le plus grand succès de l’hélium liquide et de la supraconductivité est l’accélérateur de particules LHC (Large Hadron Collider) au CERN qui vient de démarrer cette année, exactement 100 ans après la première liquéfaction de l’hélium par Onnes. Le LHC est composé de 27 km d’aimants supraconducteurs qui baignent dans de l’hélium superfluide à 1,9 K. Au total, 60 tonnes d’hélium liquide (normal et superfluide) sont utilisés pour refroidir les 36 800 tonnes de la machine.
par Benjamin Bradu publié dans : Science et Techniqueajouter un commentaire 3 commentaire (3) commentaires (3) créer un trackback recommander Précédent : Cartographie de la physique V2 Retour à l'accueil Suivant : Le LASER