Regardez comme ils ont l'air grave nos pionniers du cyclisme au départ de ce Bordeaux-Paris
1904. Comme si ces gaillards, pourtant habitués aux coups durs, pressentaient que d'autres épreuves, bien plus redoutables que celles de la route, les attendaient dans la décennie à
venir.
Aujourd'hui où nous commémorons le quatre-vingt-dixième anniversaire de l'Armistice de la Grande Guerre, n'oublions pas ceux qui dans le peloton payèrent comme
les autres de leurs vies leur engagement dans le plus grand conflit de l'histoire du XXe siècle. Ne les vénérons pas comme des héros de la République, laissons cela aux propagandistes de
l'époque. Non, respectons-les seulement comme de braves gars qui, comme leurs voisins de tranchées et d'infortune, boulangers, ronds de cuir, paysans et ouvriers, sont partis avec plus ou
moins d'enthousiasme faire ce qu'ils pensaient être leur devoir.
Alors
Petit-Breton,Faber, Lapize, Friol, Engel, Henri Alavoine, Comes, Lafourcade et, vous tous, géants de la route qui ne vécurent pas assez
longtemps pour vivre la délivrance du 11 novembre 1918, permettez-nous en ce jour du souvenir, de vous adresser nos pensées affectueuses, comme nous le ferions à tous nos arrière-grands-pères
tombés dans la Marne, l'Artois ou la Meuse.
Les récits de vos exploits sportifs vous ont survécu. Faisons en sorte que vos silhouettes, à jamais disparues dans le fracas du
champ de bataille, ne soient elles non plus jamais oubliées…