Dans la famille Kuhlman de Chicago, on est supporter des Blackhawks, franchise locale de la prestigieuse Ligue nationale de hockey, de mère en fille. Bon sang ne saurait mentir : Patricia en pince pour la nouvelle équipe du gardien international français Cristobal Huet, comme sa sœur Marguerite et sa grand-mère Mildred avant elle.
Jusque là, rien d'extraordinaire… À ceci près que les groupies du clan Kuhlman ont une fâcheuse tendance à confondre le United Center, patinoire de leur équipe favorite, avec une annexe de la morgue. À 22 ans d'écart, Mildred et Marguerite ont en effet rendu leur dernier souffle - on n'ose dire leur ultime "hoquet"…- en plein milieu d'un match dans les tribunes de leur "arena" chérie !
Côté température, on sait que le froid conserve. Ce n'est pas pour rien que quand sonne le glas le macchabée moyen se retrouve étiqueté dans un frigo XXL en attendant l'ultime voyage. On pourrait donc voir une certaine logique dans ces décès spectaculaires, d'autant que "lever les patins" en assistant à un match de hockey sur glace n'a finalement rien d'incongru… Non, ce qui est plus inquiétant, au-delà du destin à venir de la dernière des Kuhlman, ce sont les circonstances ayant amené ces fans inconditionnels à avaler leur bulletin de naissance en pleine extase sportive. Ceux qui ont un jour fréquenté les tribunes des stades outre-Atlantique savent en effet que l'on y vient au moins autant pour s'en mettre plein le ventre que plein les yeux. Pop-corn, glaces, hotdogs - ou "chien chaud" à la québecoise…-, bières et sodas s'y avalent à un rythme au moins aussi soutenu que celui des temps morts pour cause de coupures publicitaires qui saucissonnent les parties. Saint Cholestérol et Diabète priez pour nous ! Dans ces conditions, l'infarctus "à la Kuhlman" fait donc presque partie du décor. Pour limiter les risques, on ne saurait donc trop conseiller aux caciques des grandes ligues professionnelles d'instaurer des contrôles sanguins et un check-up obligatoires avant de recruter de nouveaux abonnés. Une manière de sacrifier au sacro-saint "principe de précaution" sans lequel, c'est bien connu, l'homme du XXIe siècle ne serait rien, ou si peu…