L'Attila des spatules, "l'Herminator" de la grande époque, n'est pourtant plus que l'ombre de lui-même depuis quelques saisons. Haché menu en 2001 par un accident de moto qui lui a fait sentir d'un peu près l'odeur du sapin, le skieur autrichien n'est plus l'aigle des cimes fondant sur ses adversaires comme autant d'agneaux bêlants. Mais à bientôt 36 ans - le 7 décembre exactement… - il s'acharne. Après une saison 2007 indigne de son rang, orteil gelé et compteur de victoires bloqué, le revoilà à nouveau sur la plus haute marche du podium en coupe du monde.
Sa victoire au Canada n'en est que plus sympathique. Idole de toute l'Autriche, Herman n'a peut-être jamais été aussi populaire hors de ses frontières. Les "monstres", une fois tombés de leur piédestal, suscitent ainsi des élans d'affection souvent inattendus. Lance Armstrong, sept fois vainqueur du Tour de France cycliste, peut donc garder espoir. À l'orée d'une saison censée marquer son retour sur les routes de la Grande Boucle, le futur ex-retraité des pelotons aux succès controversés a là une occasion unique de redorer son image en Europe, loin d'atteindre celle de "dieu vivant" qui lui vaut tous les honneurs aux Etats-Unis.
Qu'il finisse au-delà de la dixième place du classement général du Tour de France 2009. Qu'il se batte tous les jours comme un chiffonnier, prenne des cours de grimaces avec Garou pour avoir l'air d'en baver dans la montée du Ventoux et il sera peut-être le prochain de ces ogres déchus adulés du public sur le tard. Le mieux serait même qu'il réussisse ce tour de force en passant d'ici-là sous un camion ou en ayant survécu à une chute de téléphérique. Mais qu'il fasse vite alors, parce que sinon, en terme de calendrier, ça risque d'être un poil trop juste…