Eh bien les rallye-raids, c'est tout pareil. La caravane des graisseux et les ersatz d'Albert Londres qui lui emboîtent le pas sur les pistes poussiéreuses de Dakar, Santiago ou d'ailleurs, n'ont de cesse de vanter la beauté grandiose des paysages traversés par leur engeance pétaradante. Un motard en plan serré, ça reste un motard. Un motard en plan large sur une dune ou dans la pampa, ça devient épique ! Alors on use et on abuse de ces beaux panoramas. Sur France Info, on a pu même entendre au début du show ASO aux Amériques, un tonton Cristobal carburant au gasoil regretter que les animaux du cru s'enfuient trop vite au passage de sa pétrolette pour les immortaliser sur son appareil numérique !
Pas con le lama, s'il pouvait encore leur cracher à la gueule à ces encasqués, mais ils vont trop vite ! Jamais il ne vient à l'esprit des ambassadeurs mécaniques de notre société énergivore, que ces écrins naturels où vomissent leurs pots d'échappement se portent bien mieux quand ils n'y sont pas ? Ne leur vient-il pas à l'esprit à tous ces émules holtziens aux yeux écarquillés par la coke ou par trop de grimaces télévisuelles qu'ils sont dans ces austères confins autant à leur place qu'un trait d'humour dans le discours d'un trotskyste ?
Prenez le désert d'Atacama, traversé cette année par cette grotesque pantomime que l'on n'ose même plus nommer Dakar. L'un des endroits les plus arides de la planète, où pas même une bactérie n'ose faire souche. Les astronomes, servis par la pureté d'un ciel où la nuit les étoiles vous enveloppent, y viennent parfois de l'autre bout de la planète pour vivre un instant de symbiose avec le cosmos. Pensez-vous vraiment qu'un endroit comme celui-ci se prête à ces citadines pestilences ? Contentons-nous de polluer nos villes avec notre barnum mécanique et épargnons les derniers grands espaces de notre vieille Terre. Le panache qu'y gagneront nos simili aventuriers ne sera pas pour une fois que de fumée.