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Non, il ne s'agit pas d'un code secret mais du nouveau titre d'une ancienne rubrique, à moins que ce ne soit le contraire,
et inversement.
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Pierre Clavel enfonce le clou de la viticulture durable
Le développement durable, dans un souci de préservation du milieu et de productions alimentaires de qualité, devrait couler de source dans le monde agricole. Hélas, on est loin du compte, jusque dans le paysage viticole où la problématique des pesticides fait craindre un séisme. Heureusement, la réaction s'organise. Déjà, le Languedoc est devenu la première région viticole bio de France. Mais le développement durable, c'est aussi, tout à la fois, quelques brebis pour débroussailler, un toit couvert de panneaux photovoltaïques, un chai climatisé naturellement ou la décision de ne
pas exporter ses vins au bout du monde. Pierre Clavel, viticulteur près de Montpellier, fait part de son expérience.
Certains font du développement durable à la mode de Monsieur Jourdain,
d'autres qui naguère s'en souciaient comme d'une guigne essaient
aujourd'hui de s'afficher en premiers de la classe. Pierre Clavel,
vigneron au nord de Montpellier, est plutôt de ceux qui préfèrent
cultiver la cohérence dans le but de récolter l'harmonie.
Cette
exigence ne peut que conduire loin, très loin même, sur cette voie du
développement durable que le monde agricole ne fut pas toujours si
pressé d'emprunter. Remplacer une débroussailleuse par une
demi-douzaine de moutons de race Bizet fut un des premiers actes de foi
de ce fils de la terre, Audois d'origine et descendant d'une des
grandes figures de la profession, Jean Clavel, fondateur et
ex-directeur des Coteaux du Languedoc.
Au Mas de
Périé, entre Assas et Sainte-Croix-de-Quintillargues, les brebis de
Pierre Clavel ne font pas que nettoyer les rangs de vignes et les
garrigues attenantes. « Elles rythment le lieu, le rendent esthétique
et vivant. Mon oreille est habituée aux sonnailles ; pour moi, c'est
fondamental ! » Cette approche poétique, quasi biblique, pourrait
n'être qu'anecdotique si elle ne dépassait pas le stade décoratif. Or,
c'est bien dans le XXI e siècle et dans le souci de l'avenir que se
situe Pierre Clavel quand il s'organise pour récupérer et faire traiter
les eaux usées de son exploitation. Dans le domaine du développement
durable, c'est du basique, tout comme le chauffage solaire de
l'habitation principale.
En revanche, le
jour où ce défricheur se voit contraint de refaire 420 m 2 de toiture,
il cherche « à le faire intelligemment ». Voilà comment avec foi et
persévérance naît l'un des premiers projets photovoltaïques créé par un
particulier en Languedoc ! Il arrive au bon moment quand EDF est incité
à racheter l'électricité photovoltaïque au tarif majoré de 55 centimes,
et que la Région, avec l'Ademe et la Drire, décide d'aider la filière.
Jean Clavel trouve aussi des partenaires motivés chez BP Solar,
installateur de panneaux à Saint- Mathieu-de-Tréviers, et du Savoyard
Clipsol. Résultat : le domaine est en quasi autosuffisance énergétique,
avec l'objectif de le devenir vite entièrement.
« Ma volonté
est de produire ce que je consomme, tout en ayant toujours à l'idée de
réduire ma consommation. » Dans cette logique, Pierre Clavel a conçu et
réalisé un chai de vieillissement enterré dont la climatisation et la
ventilation sont assurées par un système de puits canadiens : ses
précieux vins rouges issus de raisins récoltés pour la plupart sur le
terroir de la Méjanelles, à Montpellier et Lavérune, vivent dans un air
naturel entre 12°C et 17°C selon les saisons. « Ils sont à l'aise et
pour les rendre plus heureux, je leur passe de la musique... » Poésie
encore ! Et cohérence toujours quand il s'agit de sauter le pas – «
J'ai longtemps hésité car j'avais la trouille de ne pas savoir faire »
– vers la culture biologique. Les Clavel 2009 seront labellisés bio «
parce c'est ma conviction ».
Cette conviction
qui le conduit aussi à prendre le risque de revoir son approche
commerciale afin d'éviter à ses vins de trop longs transports
générateurs de carbone. « Je souhaite réduire mes exportations en
général et les plus lointaines, comme la Nouvelle-Zélande, en
particulier. Je préfère privilégier les marchés de proximité. » Encore
un coin enfoncé au coeur de certitudes bien rodées. Normal, en
Languedocien un clavel est un clou !
Source: Midi-Libre - 18 janvier 2009
Auteur: Patrick NAPPEZ
Photographie: F. VALENTIN
POST-SCRIPTUM WEBMAISTRIAL
- Et oui, c'est le grand retour des ovins tondeurs !
- Et oui, c'est la grande arrivée des moutons de race Bizet !
- Et oui, je vais vous les montrer de plus près !
- Et oui, il vous faudra attendre un peu !