Le développement des coraux sur la Grande Barrière de corail est tombé en moins de vingt ans à son niveau le plus bas depuis quatre siècles. Un signe inquiétant pour l’ensemble des océans.
Les coraux de la Grande barrière ont nettement ralenti leur vitesse de développement depuis 1990. Le phénomène risque d’affecter divers écosystèmes marins tributaires des récifs coralliens. Et il pourrait annoncer des évolutions analogues chez d’autres organismes apparentés à travers le monde, selon Glen De’ath et ses collègues de l’Institut australien de recherches marines.
La Grande Barrière de corail est le plus grand ensemble corallien du monde. A l’instar d’autres récifs comparables, elle est sous la menace du changement climatique et de la pollution. Glen De’ath et son équipe ont étudié 328 grandes colonies de coraux appartenant à 69 récifs. Les chercheurs précisent que les mesures sur le squelette corallien montrent que la calcification, c’est-à-dire le dépôt de carbonate de calcium, a décliné de 13,3 % dans les coraux de la Grande Barrière depuis 1990, et qu’un tel déclin est sans précédent, depuis au moins les 400 dernières années.
Les scientifiques attribuent ce ralentissement aux effets conjugués du réchauffement planétaire, des taux d’acidité des océans, et de la baisse de la teneur de l’eau de mer en carbonate. « La vérification des causes de ce recul doit devenir une priorité », souligne Glen De’ath.
« Les coraux sont essentiels pour la formation et le fonctionnement d’écosystèmes et de chaînes vivrières, aussi peut-on craindre que des modifications précipitées de la biodiversité et de la productivité des océans du globe ne soient imminentes », alertent les chercheurs australiens dans la revue Science qui publie les résultats de leur étude.« On peut craindre des modifications précipitées de la biodiversité et de la productivité des océans
Jérôme Gavelle
du globe imminentes »
Les coraux couvrent environ 400 000 km2 de fonds océaniques dans les zones tropicales, mais leur bon développement requiert un ensoleillement soutenu, des eaux chaudes, et une forte teneur en carbonate. La découverte des scientifiques australiens pourrait signifier qu’un problème se pose pour les nombreux écosystèmes marins associés avec la Grande Barrière ainsi que pour d’autres organismes apparentés à travers le monde. Ces récifs coralliens étant au centre du fonctionnement des écosystèmes, et des réseaux alimentaires depuis des dizaines de milliers d’années.
Le corail est un animal microscopique se construisant tout au long de sa vie une carapace qui, cumulée avec celle de ses millions de congénères, forme un récif corallien.
Cependant, le corail seul ne pourrait pas vivre. Il fonctionne en symbiose avec un végétal microscopique : la zooxanthelle dans les mers chaudes et le plancton dans les mers froides.
Pour assurer le développement de leur squelette, les coraux ont besoin de « briques », ce sont les carbonates et particulièrement l’aragonite. Malheureusement, l’acidification des océans fait que ces minéraux se dissolvent plus facilement dans l’eau de mer privant les coraux (et les autres organismes marins à squelettes) de ressources leur permettant d’assurer leur croissance.
A cela s’ajoutent d’autres difficultés propres aux coraux : surpêche, tourisme et autres pollutions biochimiques.
Source : lnc.