France - En renouvelant l'autorisation de mise sur le marché du Cruiser, un pesticide utilisé pour traiter les semences de maïs contre le taupin, le ministre de l'Agriculture et de la Pêche Michel Barnier entretient l'inquiétude chez les apiculteurs.
Depuis décembre dernier, date à laquelle le ministère a annoncé que le Cruiser serait encore utilisé sur le territoire français en 2009, l'Union nationale des apiculteurs français (Unaf) s'escrime à démontrer les dangers de ce produit pour les abeilles. Elle a notamment rappelé que le renouvellement de l'autorisation de cet insecticide avait été décidé avant la parution de tout rapport sur le suivi de la campagne 2008.
Et pourtant. En 2008 encore, la filière apicole française a subi de lourdes pertes parmi son cheptel : en Rhône-Alpes et en Alsace, le taux de mortalité a parfois atteint les 30 % selon l'Unaf. Un chiffre inquiétant, encore plus si l'on considère que les enquêtes de terrain démontrent que les pertes sont toujours plus nombreuses en zones de grandes cultures ou de vergers qu'en zones de montagnes.
Déjà interdit en Italie en septembre dernier, le Cruiser ne peut être utilisé qu'en suivant certaines préconisations, inapplicables et non contrôlables selon les professionnels de l'Unaf. Celles-ci consistent en une utilisation réservée à certaines variétés de maïs, à un renforcement des conditions d'enrobage, à un usage limité à une année sur trois sur une même parcelle et, depuis cette année, à la mise en place de déflecteurs sur les semoirs pour limiter l'émission de poussières lors des semis. Cette nouvelle et dernière mesure serait la plus discutable, seule la moitié des semoirs pouvant être ainsi équipée en France selon l'Unaf.