[Vous qui peuplez mes rêves… #1]

Par Gfthanos

Quand j’étais petit, j’avais déjà une imagination débordante. Le peuple de mes rêves était aussi bigarré que peut l’être le monde d’un enfant qui adore lire et s’imprègne de tout ce qui l’entoure. Je vous laisse imaginer ce que cela pouvait donner après la lecture intensive des Bedtime Stories. Thanos et moi avons une touche qui se veut toujours extravagante quand il s’agit de manier la plume. Le berceau de cette pratique, le nid de ce maniement du verbe dans la volupté et le presque trop (et c’est peut dire…) nous le devons avant tout à une soif qui ne s’est jamais calmée. Dès lors que nous savions lire, nous avions enfin abandonné tout espoir de résoudre les énigmes du monde en interrogeant notre pauvre mère épuisée par nos incessant questionnements et mon pauvre père qui à part sa tendresse de toujours ne savait comment répondre à des enfants si jeunes sans utiliser des termes qu’il croyait trop technique. Non pas que j’aurais été capable de les comprendre mais il percevait dans cette soif de connaissance qui nous qualifiait Thanos et moi un certain goût pour l’éternel recommencement dans cette étrange maïeutique interrogatoire. Une question en amenait nécessairement une autre.

Dans cet exercice de style, j’ai donc libéré mes parents une fois que j’ai pratiqué la lecture avec suffisamment de dextérité pour ne plus être à l’affût du moindre mot inconnu. Toutefois, autant ces lectures pouvaient m’apporter des réponses, autant y-a-til des questions… qui ne trouvent que rarement des réponses. Le monde de mes rêves était un endroit privilégié que je ne partageais avec personne, pas même Thanos. Nous avions ce besoin de toujours nous associer mais aussi nous dissocier pour créer cette identité qui nous fait “moi-et-toi” et “moi-seul“.

L’un de mes rêves n’a jamais trouvé de réponses. Et ce n’est pas faute d’avoir cherché. Aujourd’hui encore je m’interroge. Ce rêve s’est répété plusieurs fois comme pour me narguer. Car à chaque énigme de rêve résolue, le suivant prenait la relève.
Celui ci commence en des lieux que peut être certains d’entre vous reconnaîtront. Là haut, loin dans les nuages, il y a un univers de rêves et de bonheur, un univers d’amour et d’amitié, un univers idyllique et utopique où rien ne manque. Les Bisounours y vivent leur joies quotidiennes, leurs aventures de Bisounours quoi. Et ces petits animaux qui se déclinent en ours, en lions, en éléphants et autres animaux à l’oeillade surdéveloppée en bon sentiment ont un pouvoir secret qui leur est propre. Sur leur ventre tout rond siège un symbole. Un coeur, une gâteau, un soleil, un trèfle, etc.. A chaque symbole son effet. Pour ma part, j’incarnais toujours le Bisounours vert, le chanceux, celui avec le trèfle à quatre feuilles. Mais; bizarrement, je manquais pour le coups de l’essentiel, de chance. Car à chaque fois que nous étions attaqués par de vilains imprévus ou de méchants personnages, les autres pouvaient faire usage de leur pouvoir, mais pas moi. J’avais beau user de toutes mes forces, contracter mes abdominaux avec toute la volonté possible, pas un rayon magique, pas une once de lumière, pas même par accident. Mes larmes étaient chaudes et nombreuses car étant le Bisounours de la chance, j’étais un peu la risée de mes comparses…

Je n’ai jamais compris pourquoi je n’arrivais pas à produire le moindre bonheur.