Il y a un film de Richard Thorpe de 1940 qui s’appelle The earl of Chicago, qui raconte l’histoire d’une petite frappe du temps de la prohibition à qui on apprend un jour qu’il est le fils naturel d’un lord anglais qui vient de mourir. Alors il traverse l’Atlantique pour prendre ses sous en laissant son avocat véreux en charge de son empire du crime.
Mais l’avocat a oublié de lui dire un truc (qu’il n’a lui-même appris que sur le tard) : vu le taux d’imposition sur les successions en Grande Bretagne, le gangster ne pourra pas encaisser sa première Livre sterling, ni revendre les châteaux, tableaux, domaines, etc… avant sept ans, le fisc se payant sur la bête jusque là.
Alors le bonhomme, joué par Robert Montgomery comme un psychopathe brutal, inculte, emporté et bourré de tics (ça vous rappelle quelqu’un… ?) devient très colère, d’autant plus que l’avocat toujours véreux a profité de son absence pour liquider son empire dans l’Illinois (un sombre histoire de vengeance). Et il tue l’avocat. Bien fait.
Mais la justice de Sa Gracieuse Majesté ne plaisante pas. Et comme il est lord maintenant, il est jugé par la House of the Lords et condamné à mort. Au début il ne comprend pas trop de quoi ils lui causent, les Lords : des avocats flingués, véreux ou pas, il en tombe tous les jours en Amérique. Et ce n’est qu’au pied de la potence qu’il devient, enfin, le « comte de Chicago ».
On l’aura compris, je ne sais pas pourquoi, je ne pouvais m’empêcher de penser à ce film ces derniers jours. Bizarre non ? Et de me dire qu’il en est un qui comprendra qu’il est président de la République juste la veille du jour où il dégagera.
Bon, qu’il se rassure : vu ses mimiques irrépressibles devant les Lords et sa gaucherie de gamin pas éduqué devant la reine, tout engoncé dans son frac de théâtre, il a encore de la marge.