21 janvier, date historique mais tombée dans l’oubli et c’est bien dommage…C’est le jour de la mort de Louis Capet, anciennement Louis XVI.
Il comparaît devant la Convention le 11 décembre 1792. L'assemblée législative s'est pour l'occasion constituée en tribunal. Elle siège dans la salle du Manège, aux Tuileries.
L'ancien monarque est accusé de haute trahison pour avoir joué double jeu face aux assemblées nées de la Révolution, avoir tenté de s'enfuir à l'étranger en juin 1791 et avoir comploté avec l'étranger. Quand s'ouvre son procès, Louis XVI ne se fait plus guère d'illusions malgré le dévouement de ses défenseurs, Malesherbes, Tronchet et Desèze (ou de Sèze).
Le procès va durer jusqu'aux votes du 15 au 19 janvier 1793. Avec une très belle intervention de Maximilien Rosbespierre.
Le 15 janvier, 707 députés sur 718 présents jugent le roi coupable de conspiration contre la sûreté de l'État. A 423 voix contre 281, ils rejettent ensuite l'idée des députés modérés de la Gironde de faire ratifier le jugement par le peuple.
Enfin, par un vote nominal qui dure 36 heures, ils se prononcent sur la peine à appliquer au coupable. Chacun est appelé à justifier son vote à la tribune. La majorité requise étant de 361 voix, 387 députés demandent la peine de mort... mais 26 avec une possibilité de sursis. Il s'en faut d'une voix que Louis XVI échappe à la guillotine.
Parmi les Montagnards qui votent la mort, figure Philippe-Égalité, ci-devant duc d'Orléans et cousin du prévenu. C'est à son cousin que Louis XVI doit donc de ne pas bénéficier du sursis... Philippe d'Orléans sera lui-même guillotiné avec les Montagnards mais son fils règnera plus tard sous le nom de Louis-Philippe 1er.
Le 3 décembre 1792, devant la Convention, Maximilien de Robespierre donne le ton du futur procès de Louis XVI dans l'un de ses plus célèbres discours où pour la première fois figure une expression appelée à faire florès : «criminel envers l'humanité».
Au nom des Montagnards, résolus à poursuivre la Révolution, Robespierre fait valoir la nécessité de condamner le roi pour légitimer la Révolution :
«Il n'y a point ici de procès à faire... Vous n'avez point une sentence à rendre pour ou contre un homme, mais une mesure de salut public à prendre...
Proposer de faire le procès de Louis XVI, de quelque manière que ce puisse être, c'est rétrograder vers le despotisme royal et constitutionnel ; c'est une idée contre-révolutionnaire, car c'est mettre la Révolution elle-même en litige.
Si Louis est innocent, tous les défenseurs de la liberté deviennent des calomniateurs, les rebelles étaient les amis de la vérité et les défenseurs de l'innocence opprimée...
Pour moi, j'abhorre la peine de mort prodiguée par vos lois ; et je n'ai pour Louis ni amour, ni haine; je ne hais que ses forfaits... Je prononce à regret cette fatale vérité... mais Louis doit mourir parce qu'il faut que la patrie vive... Je demande que la Convention nationale le déclare dès ce moment traître à la nation française, criminel envers l'humanité...»