Ecrire sur l’eau

Chaque année, la Place du Plébiscite à Naples (où on célèbre le Nouvel An, d’où les échafaudages visibles sur une des photos) accueille un artiste contemporain. Contrairement aux frilosités parisiennes, Jan Fabre était cette année le bienvenu à Naples (c’était jusqu’au 18 janvier). Outre six panneaux énonçant, par exemple, qu’on ne saurait s’habituer à l’art, l’ensemble, intitulé Le garçon avec la lune et les étoiles au dessus de la tête, comprend cinq sculptures en bronze doré. Les unes (”l’homme qui mesure les nuages”) surplombent la place, protecteurs ou menaçants; une autre (”l’homme qui donne le feu“) est comme un passant parmi d’autres, un peu à l’écart, dos à la foule, encapuchonné, secret.

Au centre de la place, voici deux vues de “l’homme qui écrit sur l’eau” immergé dans une des sept baignoires remplies d’eau : pensif, cet élégant dandy, indifférent à la foule et aux intempéries, écrit d’un doigt des phrases éphémères que la pluie efface.

Cette place se prête bien à la théâtralité des sculptures de Jan Fabre; c’est une discrète évocation du spectacle de rue, et la dorure se marie bien avec le baroque napolitain.

Photos 1 et 3 de l’auteur. Photo 2 empruntée à Amedeo Benestante.