Un rossignol à la cour du Roi-Soleil
La voix d'Emilie ouvre, en quelque sorte, les portes du Paradis : en 1676, le compositeur Marc-Antoine Charpentier entend pour la première fois le timbre sublime de cette adolescente ravissante, fille d'un luthier parisien. Il entreprend de lui donner une éducation musicale pour en faire une cantatrice d'exception.
L'extrait
Emilie ferma les yeux, ouvrit la bouche et le son qu'elle émit fut en tout point aussi puissant, aussi riche que la note jouée par Marcel sur le violon qu'il venait de terminer. Tout d'abord, Emilie ne s'entendit pas elle-même. Elle ne ressentit que la manière dont le son résonna dans son corps. C'était si merveilleux, si libérateur, de laisser la musique s'écouler hors de son corps - comme si elle l'avait recélée en elle depuis toujours, attendant qu'elle s'évadât - qu'elle ne remarqua pas que son père avait arrêté de jouer, ni que la riche sonoritébalayant l'instrument et faisant vibrer ses cordes en harmonie sortait de ses propres lèvres.