Alain Madeleine-Perdrillat est né en 1949 à Paris où il vit. Études de Lettres Modernes à Aix-en-Provence ainsi qu'à Nice où il suit occasionnellement en auditeur libre les cours qu'Yves Bonnefoy donnait au milieu des années 70. Auteur en 1990 d'une grande monographie sur Seurat (éditions Skira, 1990), d'Un dimanche avec Vermeer (Skira, 1994), d'Un dimanche avec Paul Cézanne (Skira, 1995) ainsi que d'une étude sur la correspondance de Nicolas de Staël (éditions Hazan, 2003), il avait traduit en 1981 pour les éditions Pandora l'essai de Robert Longhi consacré à Masolino et Massacio. Responsable entre 1992 et 2006 de la communication de la Réunion des Musées nationaux, il travaille aujourd'hui à l'Institut national d'histoire de l'art. Il a également publié un livre plus personnel et plus mince "Trois accidents" aux éditions Sassello, 2005 (accompagné en frontispice par une aquatinte de Gérard de Palézieux).
Alain Madeleine-Perdrillat a participé au cahier de L'Arc consacré à Yves Bonnefoy (1976) et aux actes du colloque « Y.Bonnefoy/Poésie, recherche et savoirs » (éd. Hermann, 2007), au cahier Philippe Jaccottet des éditions Le Temps qu'il fait (2001) ainsi qu'aux actes du colloque « Pierre Michon/ L'écriture absolue » rassemblés par Agnès Castiglione (Université de Saint Etienne, mars 2001). Il a livré des textes à propos du Caravage dans La revue de Belles-Lettres et dans le Nouveau Recueil (septembre 2005) ainsi qu'à propos de Gérard de Palézieux dans Conférences. Dans le n° 725 de Critique (2007), une étude sur « Giorgio Bassani : lieux, mémoire, livre ».
On trouve sa signature dans l'ensemble Claude Garache face au modèle publié par les éditions de La Dogana (2006), dans des catalogues de galeries composés à propos de Jacques Hartmann, de Farhad Ostovani et de Nasser Assar ainsi que dans Oeuvres sur papier/Lucy Vines (éditions William Blake & Co.édit, mars 2007). Alain Madeleine-Perdrillat est l'un des contributeurs d'Anne-Marie Jaccottet/Arbres, chemins, fleurs et fruits (éditions La Dogana, novembre 2008). Pour les éditions Le Bruit du temps, il rédige actuellement la préface d'un petit livre qui permettra de redécouvrir un article inachevé de Marcel Proust à propos de Rembrandt et de Chardin.
Extrait d'un article d'Alain Paire publié à propos De
longues absences dans le Cahier 10 de la revue CCP, octobre 2005, éditions
Farrago :
"Je me souvenais de la parution en 1982, dans la
Revue de Belles-Lettres de Genève pour partie dirigés par Florian Rodari,
de Treize poèmes de l'hiver en Corrèze qui forment un tiers de ce
recueil. Des pages sourdement attachées à une "mère
disparue", à "l'irréelle des rêves", au "silence
des bêtes". Du givre et de la neige, une "main terreuse",
des notations rêches évoquaient "la fièvre des enfants". Deux
décennies plus tard, se redécouvrent une distance sèchement gardée, de la
stupeur, de l'indéchiffrable et du chaos épelés sans hâte, un terrain vague où
se conjuguent "la fleur et l'ordure", la sobriété d'un frère
lointain de Samuel Wood, un phrasé et des travellings dépourvus de tout hiéroglyphe.
On voit surgir avec exactitude d'énigmatiques événements, "l'énorme
beauté insupportable et vaine", la chute de l'oiseau qui "fut
toute la largeur du ciel", la démarche monstrueuse d'une "Carmen
évincée", l'harmonie involontaire d'un reflet bleu qui s'accorde avec "la
couleur sale de la vareuse du pêcheur". Pas de music-hall ni de
ritournelle. Ici s'énonce une frayeur froide qui lutte contre l'incompréhension
et l'usure des mots. Demeurent présents depuis le fond de l'enfance une
vision qui étrangle l'emphase et l'imposture, la fugace distraction d'une
implacable silhouette, le visage et puis le sourire de qui ne s'attarde pas, "celle
qui disparaît aux paliers et grandissait encore".
Contribution d’Alain Paire