Abandonnant mon véhicule, j'écris sur l'accotement. Au milieu de la déroute, un taxi, là, nuit.
J'ignore mes klaxons de réprobation, j'ouvre les balises et donne à mes mots, leur besoin d'itinérance.
J'embraye sur l'automatique en ignorant où cela va me conduire.
Lâchée lousse, une première phrase s'échappe et me glisse entre les doigts. Une autre, sans chaînes, se libère et je la regarde filer sans intervenir. Dans un dérapage à peine contrôlé, une troisième fout le camp. J'ai à peine le temps de la formuler que la quatrième n'est déjà plus là.
J'en ai plein mon arrière-boutique de ces phrases en liberté.
Mais je ne me fais quand même pas d'illusions. Sans entraves, ces mots commencent déjà à se moquer de moi. Je les laisse partir en tout sens et déjà, ils prennent le large, s'enfuient, se cachent.
Derrière la remise en question, un gars rage.
Sans véhicule.