Je sais, le titre est volontairement accrocheur, et d’instinct vous pensez que le contenu ne sera pas à la hauteur. Vous avez entièrement raison.
Pourtant, si vous daignez nous écouter patiemment, notre zèle s’efforcera de corriger notre insuffisance1.
Tout commence il y a quelques semaines, me penchant avec envie sur un contrat de maintenance de photocopieurs (oui je sais c’est super glamour), je découvre des clauses pour le moins hallucinantes. Pour faire court, le vendeur n’est responsable de rien, les délais de livraison sont purement indicatifs, la liste des exonérations de responsabilités longue comme une nuit d’hiver et si d’aventure (mais cela paraît peu probable au rédacteur desdites clauses) il s’avérait que l’on puisse quand même retenir la responsabilité de l’entreprise2 , l’indemnité est limitée au prix d’achat.
Depuis ma collectivité a adopté des clauses générales d’achat, histoire que moi je garde mon job. Fin du premier acte.
Deuxième acte, la scène se passe sur le bord d’un terrain de basket, la crême de la crême du ballon orange français se prépare pour le championnat d’Europe. Pourtant sur le banc une longue liane de 2.06m ronge son frein. Non qu’il ne soit pas bon, au contraire, il l’est presque trop. Car L’ami Boris Diaw est si bon, que son club des Suns de Phoenix lui a fait un chèque de 45 millions de dollars sur 5 ans, sympa. Mais voilà l’an passé Boris se blesse légèrement au dos pour la première fois depuis qu’il foule les parquets3 . Or depuis l’été dernier les assurances de la ligue US n’assurent plus le dos. Pour pouvoir jouer l’ami Boris doit donc bénéficier d’une assurance complémentaire que bien évidemment, personne ne veut accorder. Pour 500.000 euros cependant on finit par trouver une solution. Oui mais voilà l’assureur cherchant actuellement à se réassure, Boris ne joue toujours pas, et la France boite.
Troisième acte, aujourd’hui4 j’attends un colis de la Poste5. On me propose alors d’être averti de la livraison par mail. Je dis Banco et pour une fois lis les CGV. Résultat des comptes
L’Expéditeur et/ou le Destinataire s’engagent à garantir La Poste-ColiPoste contre toute action qui serait engagée à son encontre, ou toute plainte qui serait déposée contre elle, y compris par un tiers, du fait de l’utilisation de e-TEMPO dans des conditions qui ne seraient pas conformes aux présentes Conditions d’Utilisation
Puis pour faire bonne mesure
L’utilisation de e-TEMPO n’est assortie d’aucune garantie quelle qu’elle soit. La Poste-ColiPoste n’accorde aucune garantie expresse ou implicite, quant à l’utilisation de e-TEMPO par l’Expéditeur et/ou le Destinataire et notamment sur la disponibilité de e-TEMPO et la fiabilité des résultats obtenus par l’utilisation de e-TEMPO
Merveille du monde non?
On pourrait rajouter que le léger malaise actuel du marché des subprimes n’est rien d’autre qu’un énième avatar de ce petit jeu du “personne n’assume les risques”. En titrisant des créances “pourries” les banques se sont allégées mais l’effet domino est enclenché. Chacun assume une partie du risque mais le plus petit possible tout en ponctionnant le plus possible, bien vu.
Dans une société où la responsabilité individuelle dans le travail est de plus en plus mise en avant, c’est tout de même assez pisquant de constater que les entreprises (au sens large) elles, ne veulent plus rien assumer.
Le beurre, l’argent du beurre et le cul de la fermière.
C’est beau le marché.
- Attention référence littéraire, celui qui le premier laisse un commentaire révélant l’origine gagne ma considération et un futur tee-shirt FrednetickWorld [Retour]
- Auquel cas le juriste perd son job [Retour]
- notamment de Talence contre qui j’ai joué durant ma prolifique carrière [Retour]
- enfin quand vous lirez ça, hier [Retour]
- Les désordres du travail : Enquête sur le nouveau productivisme, Continuer l’Histoire d’H.Vedrine conseillé par Koz, Le mythe du “trou de la Sécu” et L’idéologie, ou, L’origine des idées reçues de R.Boudon, vous voyez je lis beaucoup !! [Retour]