La réforme du lycée ajournée se fera tout de même. En concertation avec les principaux intéressés : élève, professeurs, parents, état ? J’en doute.
Comme je l’écrivais récemment, il faut s’attendre à ce que cette réforme passe en douce.
Si vous vous rappelez les promesses de campagne du candidat NS, il parlait de lycées d’excellence pour les plus méritants des élèves, issus de toutes classes sociales.
Cela revient sur le tapis par le biais d’une enquête. Demandée par l’Etat, c’est fort possible vu comme cela est présenté et toutes les questions pour un classement d’opinions.
Je vais vous en livrer quelques extraits qui commencent par des questions pour noyer le poisson, comme “recourir gratuitement à un service d’aide et de soutien scolaire, par Internet ou téléphone, une bibliothèque numérique gratuite des savoirs accessible par tous et intégrant tous les cours”.
Après donc ces questions concernant la gratuité des moyens pouvant être consultés librement (mais je le rappelle, cela ne remplacera pas l’école ni l’enseignement dispensé par les professeurs, payés pour ça, même si les suppressions de postes sont très importantes. Internet ou une plate forme téléphonique ne remplace pas le contact humain) par tous, nous passons à la discipline, mot que je préfère utiliser à d’autres, faisant référence à la police.
Il est demandé de se prononcer sur les sanctions disciplinaires que peuvent mettre au point les équipes éducatives, travaux d’intérêt collectif à réaliser par l’élève dans l’établissement scolaire. Cela existe déjà, notamment pour les dégradations, mais quand ils parlent de sanctions, parlent-ils de toutes les sanctions (comme exclusion jusqu’à la définitive) qui seraient remplacées par ces travaux ? Un projet de “code de la paix scolaire” serait à l’étude afin que les sanctions contre les incivilités soient les mêmes partout, sauf que cela contredit la première partie puisque les sanctions disciplinaires seraient mises au point par chaque équipe éducative.
On arrive au plus beau, la “construction par l’Etat d’une trentaine de lycées d’excellence proposant à des élèves méritants de tous les milieux sociaux un enseignement tourné vers l’accès aux filières les plus sélectives de l’enseignement supérieur”. Cela va remplacer les lycées de Napoléon pour les nommer lycées NS, préparant les candidats aux plus hautes fonctions de l’Etat. Cela démontrerait que les meilleurs éléments ne bénéficient pas du meilleur enseignement, ne peuvent pas entrer dans les meilleures écoles par manque de moyens (financiers des deux côtés), n’ont donc pas accès aux meilleurs emplois à la fin de leur cursus. Pourquoi, dans ce cas, nos diplômés partent-ils à l’étranger travailler ? Pourquoi les salaires, les offres d’emploi, ne sont pas à la hauteur des qualifications de tous ces jeunes diplômés ?
Il est plus que possible que les conseillers d’orientation ne fassent plus partie du paysage des collèges et lycées cette année, le projet serait de mettre en place une plate-forme téléphonique avec un interlocuteur unique pour les parents et les enfants. Je suis pas d’accord avec ce projet : ce sera extrêmement difficile d’avoir cet interlocuteur lorsque l’on veut poser une question et surtout il n’aura que des renseignements généraux à communiquer et non détaillés. Un contact de visu est préférable lorsque l’on cherche des renseignements sur une orientation (j’en ai fait l’expérience dernièrement).
Un sujet qui risque de fâcher s’il est adopté : formation continue des enseignants en dehors de leur temps de cours, soit pendant les heures libres de la semaine ou les périodes de congés. La formation continue professionnelle est payée par l’employeur, donc l’Etat et est incluse dans le temps de travail. C’est un droit pour le salarié. Si elle n’est pas prise en compte dans son temps de travail, le temps de formation devra donc lui être payé.
Ce qui peut être positif : permettre aux enseignants d’enseigner à l’étranger pendant 6 mois, un an, sur le même type qu’Erasmus.
Et surtout le bouquet final auquel il faut s’attendre avant la fin du mandat : le raccourcissement des congés d’été afin que les journées des élèves soient plus courtes et développer de nouvelles activités à l’école. D’une certaine façon, NS aurait la même stratégie avec les élèves qu’avec leurs parents. Rebatir une école comme refonder le code du travail. Revenir sur tous les avantages acquis. Beaucoup d’entre vous pensent que les vacances d’été sont trop longues pour les enfants car ils doivent payer des centres aérés, les occuper, … tandis qu’eux n’ont que trois, voire quatre semaines de congés. Mais n’oubliez pas que chaque année, vous dites à chaque période de vacances, ils sont fatigués, les vacances vont leur faire du bien pour se reposer. Sauf qu’à chaque fois, vos enfants ne se reposent pas et retournent à l’école encore plus fatigués. Je suis contre le fait de réduire les congés d’été car quand ils sont adolescents, ils peuvent gérer leurs journées tout seul.